Face à la prolifération de contenus de santé sur les réseaux sociaux, l’Ordre des médecins (Cnom) a présenté, le 16 janvier 2025, une nouvelle charte de bonnes pratiques à l’intention des médecins créateurs de contenus. Fruit d’une collaboration avec des médecins déjà actifs en ligne et la plateforme YouTube, ce document ambitionne de fixer un cadre éthique et déontologique pour une information médicale fiable et accessible.
« De fausses informations médicales peuvent pourrir la vie des patients », a souligné le président du Cnom, François Arnault, lors de la conférence de presse. Les vidéos consacrées à la santé génèrent des millions de vues, mais toutes ne reposent pas sur des bases scientifiques solides. Certains « professionnels auto-proclamés » n’hésitent pas, en effet, à valoriser des pratiques non validées, voire dangereuses.
Dix principes fondateurs
Pour contrer ce phénomène, la charte s’articule autour de dix principes clés :
- Produire un contenu à la fois pédagogique et scientifiquement étayé.
- Ne promouvoir aucune pratique ou thérapeutique non validée.
- Ne pas donner de conseil médical personnalisé, chaque situation patient devant être évaluée individuellement par un professionnel en cabinet.
- Ne pas faire de publicité dissimulée pour son activité ou des produits de santé.
- S’identifier clairement en tant que médecin, sans enfreindre les règles de déontologie (pas de comparaison avec d’autres praticiens, pas de publicité excessive).
- Ne pas recourir à des moyens payants pour référencer plus efficacement son contenu.
- Garantir la lisibilité et la transparence des informations partagées.
- Respecter le secret médical, en évitant toute divulgation d’éléments confidentiels concernant les patients.
- Donner la priorité à la santé publique, en diffusant des messages de prévention et en relayant les recommandations officielles.
- Entretenir un dialogue de qualité avec les internautes, basé sur le respect et la pédagogie.
Un cadre non contraignant mais nécessaire
Bien que non juridiquement opposable, cette charte rappelle l’ensemble des obligations déjà imposées aux médecins par le Code de la Santé publique et le Code de déontologie. Les praticiens signataires qui ne la respecteraient pas ne seraient pas directement sanctionnés au seul motif de l’avoir enfreinte. Cependant, toute infraction aux règles déontologiques expose à d’éventuelles poursuites par l’Ordre.
L’initiative a reçu le soutien de YouTube, en première ligne dans la lutte contre la désinformation médicale depuis la pandémie de Covid-19. « Notre objectif est d’accompagner la nouvelle génération de médecins qui choisit les réseaux sociaux comme canal de communication direct », a indiqué Justice Ryst, directrice générale France de la plateforme.
Aux médecins qui craindraient une trop grande restriction de leur liberté d’expression, le Dr Arthur Lefort, co-auteur de la charte, répond que le but est avant tout de donner un cadre protecteur : « Il ne s’agit pas de brider, mais de crédibiliser le discours des médecins face aux influenceurs. » La charte se veut donc un outil de référence pour tout professionnel souhaitant s’engager sur les réseaux, tout en offrant un gage de confiance au public.
En définitive, cette « charte du médecin créateur de contenu » s’inscrit dans une démarche de transparence et de responsabilité, à l’heure où l’accès à l’information médicale se fait de plus en plus sur les réseaux sociaux. Elle entend ainsi contribuer à une meilleure santé publique, en aidant les internautes à distinguer le fiable du fallacieux.