Le géant pharmaceutique Sanofi est une nouvelle fois dans l’œil du cyclone. Cette fois, c’est son usine de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui est pointée du doigt pour des rejets toxiques incontrôlés. Mise en examen fin 2024 pour plusieurs infractions environnementales, l’entreprise échappe cependant – pour l’instant – à l’accusation de mise en danger de la vie d’autrui.
L’affaire remonte à 2018, lorsque l’association France Nature Environnement (FNE) révèle des niveaux alarmants de rejets de bromopropane et de valproate de sodium, le principe actif de la Dépakine, un anti-épileptique tristement célèbre pour ses effets dévastateurs sur les enfants exposés in utero. Selon FNE, ces polluants ont été émis en quantités astronomiques car Sanofi ne contrôlait qu’une seule colonne d’émission sur les trois présentes dans l’usine.
L’entreprise se défend, affirmant qu’aucun seuil réglementaire n’a été dépassé et qu’elle a pleinement collaboré avec les autorités. Mais les faits sont là : en 2018, l’usine a été mise à l’arrêt avant de reprendre sous surveillance renforcée.
Aujourd’hui, la justice enquête sur les potentielles conséquences sanitaires pour les riverains. Une quinzaine d’entre eux se constituent partie civile, et certains affirment avoir été contaminés par la Dépakine. Une mère de deux enfants atteints de troubles neurocomportementaux, qui travaillait près du site durant ses grossesses, a déposé plainte en 2023.
L’affaire s’ajoute à une autre procédure judiciaire de grande ampleur, ouverte en 2016, où Sanofi est mise en examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires en lien avec les effets délétères de la Dépakine sur des milliers d’enfants. À ce jour, l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a déjà versé 120 millions d’euros aux victimes… une facture publique qui devrait pourtant incomber au groupe pharmaceutique.
Sanofi, pour sa part, s’efforce de cloisonner les dossiers, affirmant qu’il n’existe aucun lien entre les émissions toxiques de Mourenx et les autres scandales entourant la Dépakine. Pourtant, les autorités sanitaires estiment que cette molécule serait responsable de malformations chez 2 150 à 4 100 enfants, et de troubles neurodéveloppementaux chez 16 600 à 30 400 autres.
Un bilan accablant qui pourrait bien peser lourd dans la balance judiciaire, alors que la pression des associations de victimes ne faiblit pas.