La députée MoDem Sandrine Josso, victime présumée d’une soumission chimique en 2023, a été officiellement reconduite par le Premier ministre Michel Barnier pour poursuivre une mission dédiée à cette problématique. Accompagnée de la sénatrice Véronique Guillotin, elle remettra un rapport en mai 2024.
Dans un décret daté du 15 novembre, Michel Barnier a confirmé la prolongation de la mission confiée à Sandrine Josso, députée de la 7ᵉ circonscription de Loire-Atlantique, sur la soumission chimique. Cette forme de violence, qui consiste à administrer à une personne des substances psychoactives à son insu, est utilisée notamment à des fins criminelles, comme le viol ou l’agression sexuelle. La mission sera menée en collaboration avec Véronique Guillotin, sénatrice RDSE, et Salima Saa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
Un enjeu majeur pour la prévention et la prise en charge
Dans un courrier adressé à Sandrine Josso, le Premier ministre a insisté sur l’importance d’une meilleure compréhension du phénomène, soulignant la nécessité d’évaluer les mesures existantes et de formuler des recommandations. Il a également rappelé les progrès législatifs effectués, notamment avec la loi du 3 août 2018, qui érige en délit distinct l’administration de substances altérant le discernement d’une personne à des fins d’agression.
« La libération de la parole des victimes est encore insuffisante par rapport à l’ampleur des faits », a déclaré Michel Barnier, appelant à des stratégies renforcées pour soutenir les victimes et prévenir ces violences.
Une affaire personnelle pour Sandrine Josso
Sandrine Josso, elle-même victime présumée de soumission chimique en novembre 2023, avait porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau. Elle l’accuse de l’avoir droguée lors d’une soirée dans son appartement. La députée avait décrit des symptômes inquiétants, tels que des palpitations et des sueurs, avant de quitter les lieux pour se rendre aux urgences. Une perquisition avait permis de retrouver de l’ecstasy dans l’appartement de Joël Guerriau, qui a été mis en examen et suspendu de ses fonctions parlementaires.
Près d’un an après les faits, une confrontation judiciaire s’est tenue en novembre 2024, un moment que Sandrine Josso a décrit comme « très lourd et compliqué ». La députée milite pour des améliorations dans la prise en charge des victimes, dénonçant notamment les traumatismes supplémentaires que peuvent engendrer les confrontations imposées.
Un rapport attendu en mai 2024
Chargée de cette mission depuis le printemps dernier, Sandrine Josso doit approfondir son analyse sur l’ampleur de la soumission chimique et proposer des solutions concrètes pour renforcer la prévention et l’accompagnement des victimes. Son rapport, attendu en mai, pourrait marquer une étape clé dans la lutte contre ce fléau.
En attendant, la députée continue de porter la voix des victimes, rappelant que leur prise en charge reste encore insuffisante face à la gravité des violences subies.