L’annonce a fait du bruit : 55 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont été lourdement sanctionnés, a déclaré ce mardi 25 mars la ministre déléguée à l’Autonomie et au Handicap. Ces sanctions sont le fruit du vaste plan de contrôles lancé après le scandale Orpea en 2022. Mais loin d’apaiser les critiques, cette opération de transparence soulève des doutes profonds chez les professionnels du secteur.
Des contrôles généralisés pour masquer des responsabilités ?
Du côté de l’AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées, l’heure est à la colère. Son vice-président, Pascal Champvert, dénonce une « opération d’écran de fumée » visant à détourner l’attention de la responsabilité des pouvoirs publics. Selon lui, les agences régionales de santé et les conseils départementaux connaissaient déjà les établissements en difficulté : « Ce n’est pas en contrôlant toute une profession qu’on règle un problème ponctuel. On ne fait pas une descente dans tous les commissariats pour une bavure isolée. » À ses yeux, l’État cherche à se dédouaner des promesses non tenues, notamment en matière de financement et de conditions de travail dans les établissements.
Des Ehpad à bout de souffle, un secteur en crise durable
Depuis le scandale Orpea, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire, assure l’AD-PA. Les budgets des structures publiques et associatives sont en baisse constante, et 80 % d’entre elles seraient aujourd’hui en déficit. Le ratio de personnel, qui devait atteindre 8 soignants pour 10 résidents selon les engagements de l’État en 2006, plafonne encore à 6 pour 10 en 2025. Résultat : un secteur qui s’appauvrit, des professionnels à bout, et une attractivité en chute libre. « Ce métier est merveilleux, mais il est aujourd’hui déserté. »
Le message des professionnels est clair : la sanction ne suffira pas. Ce qu’ils attendent, c’est une véritable loi Grand Âge, ambitieuse, structurante, et dotée de moyens à la hauteur des besoins réels sur le terrain. Une promesse politique à répétition, restée lettre morte jusqu’ici.