Salaires et retraites : la CGT appelle à un « match retour » contre la réforme

30 septembre, 2024 / Entrevue

Ce mardi, la CGT, Solidaires, FSU et plusieurs organisations de jeunesse appellent à manifester pour exiger l’abrogation de la réforme des retraites et une augmentation des salaires. Toutefois, cette première mobilisation de l’automne pourrait manquer d’ampleur, notamment en raison de la division au sein du front syndical.

Un « match retour » contre la réforme des retraites

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a qualifié cette manifestation de « match retour contre la réforme des retraites ». Selon elle, les récentes déclarations du Premier ministre Michel Barnier, qui a exprimé sa volonté d’« améliorer » la réforme controversée, sont le signe que « le rapport de force est de notre côté ». Lors de son entretien télévisé, Barnier avait évoqué la possibilité de retoucher cette réforme, qui a relevé l’âge de départ à la retraite à 64 ans, pour tenter d’apaiser les tensions sociales.

Depuis la fin août, la CGT a rejoint l’intersyndicale des retraités pour réclamer, en plus de l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et des pensions, ainsi que l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.

Une mobilisation à la veille du discours de Michel Barnier

La manifestation parisienne partira de la place Denfert-Rochereau à 14h00 et se dirigera vers la Bastille. Elle devait initialement coïncider avec la présentation du budget à l’Assemblée nationale, finalement reportée. Elle intervient cependant quelques heures avant le discours de politique générale du Premier ministre, prévu à 15h00. Ce dernier devrait annoncer les grandes lignes de sa politique, notamment sur des dossiers sensibles comme l’assurance chômage ou l’emploi des seniors, laissés en suspens.

Malgré l’enthousiasme de la CGT, la mobilisation pourrait s’avérer relativement faible. La CGT recensait dimanche 179 lieux de rassemblements, soit moins que lors des précédentes mobilisations. Une source syndicale, sous couvert d’anonymat, confiait que « les remontées du terrain ne sont pas bonnes ».

Un autre facteur de cette faible mobilisation est la division du front syndical. Contrairement à la lutte unie contre la réforme des retraites ou à la mobilisation pour le pouvoir d’achat l’an dernier, la CFDT, FO, la CFTC et l’Unsa ont choisi de ne pas participer à la grève de mardi. Pour Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT, « ce n’est pas dans l’habitude de la CFDT de se mobiliser juste parce qu’il y a une rentrée sociale ». FO, par la voix de son leader Frédéric Souillot, préfère attendre le débat parlementaire sur les retraites prévu pour le 31 octobre avant de lancer une mobilisation plus large.

Les jeunes en première ligne

Plusieurs organisations de jeunesse, telles que l’Union étudiante, l’Unef ou encore la Fidl, ont rejoint le mouvement. Ces dernières dénoncent la précarité croissante des étudiants et réclament, entre autres, la création d’un revenu étudiant. Elles se sont également associées aux revendications pour l’abrogation de la réforme des retraites, pointant la responsabilité du gouvernement dans l’aggravation des inégalités sociales.

Cette journée de mobilisation fait office de test pour les syndicats, dans un contexte social tendu. Alors que certaines organisations choisissent de temporiser en attendant des discussions parlementaires, la CGT et ses alliés comptent sur cette journée pour relancer la contestation. Cependant, sans unité syndicale, l’ampleur du mouvement pourrait être limitée, ce qui pourrait affaiblir la capacité des syndicats à peser dans les prochains débats sociaux.

Les yeux sont désormais rivés sur le discours de politique générale de Michel Barnier, qui devrait dessiner les contours des réformes à venir, sous la pression d’une rue qui, bien que désunie, reste attentive aux orientations du gouvernement.