Sachets de nicotine : Entre interdiction et régulation, le débat s’intensifie

16 novembre, 2024 / Service Actu / Politique

L’annonce récente de l’interdiction des sachets de nicotine en France suscite un vif débat. Ces produits, connus sous le nom de « pouches », sont présentés par certains comme un outil efficace pour réduire la dépendance au tabac, tandis que d’autres dénoncent leur dangerosité, notamment pour les jeunes. La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a justifié cette décision en évoquant « les cas croissants d’intoxications sévères signalés par les centres anti-poisons », notamment parmi les adolescents, comme elle l’a déclaré dans Le Parisien.

Un outil prometteur pour le sevrage ?

Les sachets de nicotine, sans tabac ni combustion, permettent de consommer de la nicotine sans s’exposer aux substances toxiques des cigarettes classiques, telles que les goudrons. Les défenseurs de ces produits soulignent leur utilité dans la lutte contre le tabagisme. Selon une étude citée par l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques, « le passage des cigarettes aux sachets de nicotine pourrait représenter une réduction des risques pour la santé d’un fumeur ». En Suède, leur usage généralisé a contribué à un taux de tabagisme parmi les plus bas d’Europe et à une diminution significative des cancers du poumon.

Les risques pour les jeunes, un point de vigilance

Cependant, leur attractivité auprès des jeunes inquiète. Ces sachets, disponibles dans des saveurs variées, sont facilement accessibles et peu coûteux. « On a des phénomènes de mode qui visent à rendre les jeunes addicts à la nicotine, une substance sans aucun intérêt pour eux », a déclaré le professeur Bertrand Dautzenberg, tabacologue, à Franceinfo. La ministre de la Santé a également mentionné des cas graves d’intoxication, notamment des vomissements et des convulsions, chez des adolescents ayant consommé ces produits en excès.

Interdiction ou régulation ?

Si l’interdiction semble protéger les jeunes, ses détracteurs mettent en garde contre les effets pervers. « La prohibition risque de pousser ces produits vers le marché parallèle, échappant à tout contrôle », explique un collectif d’addictologues dans une tribune publiée par Le Monde. Ils plaident pour une régulation stricte, comme celle appliquée dans d’autres pays : contrôle de l’âge, limitation des saveurs et interdiction de la publicité. Ils rappellent également que la cigarette électronique, elle aussi controversée à ses débuts, s’est révélée être un outil précieux dans la lutte contre le tabagisme.

Une politique à ajuster

Alors que la France enregistre des progrès limités dans la réduction du tabagisme, ce débat illustre l’importance de trouver un équilibre entre la protection des jeunes et l’accompagnement des fumeurs. « L’heure n’est pas à l’interdiction des alternatives mais à leur encadrement », insiste le collectif d’experts, appelant à s’inspirer des modèles étrangers réussis. À l’heure où 15 millions de Français fument encore, la stratégie adoptée pourrait avoir des conséquences majeures pour la santé publique.