Réélu de justesse dimanche 7 juillet dans la première circonscription de la Somme face au Rassemblement national (RN), François Ruffin prend définitivement ses distances avec La France insoumise (LFI). Dans un entretien accordé au « Monde », le député explique les raisons de sa rupture avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et appelle Emmanuel Macron à nommer un premier ministre issu de la gauche.
François Ruffin ne mâche ses mots à l’égard de Jean-Luc Mélenchon. Pour la campagne des législatives, ce dernier aurait été un poids mort : « Pendant trois semaines, nous avons porté notre croix, un sac à dos rempli de pierres, on s’est heurtés à un mur, à un nom : « Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon »… Je savais qu’on perdait du terrain ». Dans son entretien au Monde, le député affirme avoir vécu la campagne « dans la douleur », ce qui a renforcé sa décision de se désolidariser de l’ancien leader des Insoumis.
Critique de la stratégie de La France insoumise, François Ruffin accuse en outre le parti d’avoir abandonné les campagnes populaires et les terres ouvrières pour se concentrer sur la jeunesse et les quartiers urbains. « Il fallait que je coupe la corde pour pouvoir respirer », déclare-t-il. Selon lui, les interventions médiatiques incessantes de Jean-Luc Mélenchon étaient étouffantes : « Dès cet instant, ça a tout changé. Ça nous a libérés, on a regagné des voix par centaines ».
La position de François Ruffin n’est pas isolée au sein de LFI. Christophe Bex, député sortant de la Haute-Garonne, a également pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon, critiquant l’impact négatif de ses interventions médiatiques sur le terrain. Bex a souligné que l’image de Mélenchon s’était dégradée, rendant la campagne plus difficile pour les candidats LFI en dehors des grandes villes.
Ruffin se montre également critique envers le président de la République. Il exhorte Emmanuel Macron à permettre à la gauche de gouverner en nommant un premier ministre issu de ses rangs. « Le président de la République doit permettre à la gauche de gouverner, en nommant un premier ministre issu de nos rangs », déclare-t-il. François Ruffin avertit aussi Emmanuel Macron : « Il ne faudra pas gouverner comme l’a fait le chef de l’État ces deux dernières années, avec arrogance et toute-puissance. Il faudra le faire avec respect pour les Français, avec tendresse même ».
Face aux électeurs de sa circonscription, François Ruffin a souligné la nécessité de mobiliser à la fois les abstentionnistes et les électeurs macronistes pour combler son retard. Il a rappelé que la candidate macroniste s’était désistée en sa faveur, appelant à faire barrage au RN. Et malgré un retard de 7 points au premier tour, il a réussi à rassembler 53 % des voix au second tour, soulageant ainsi ses partisans.