Royaume-Uni : un virage sévère sur l’immigration sous le nouveau gouvernement travailliste

25 août, 2024 / Entrevue

Depuis son entrée en fonction en juillet, après quatorze ans de gouvernance conservatrice, le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, a rapidement imposé sa marque en matière de politique d’immigration, adoptant une approche qui, bien qu’humanitaire en façade, ne manque pas de fermeté.

Starmer a immédiatement annulé certains des projets les plus controversés de ses prédécesseurs, notamment le programme d’expulsion des migrants vers le Rwanda, tout en évitant de renouveler le contrat pour la barge Bibby Stockholm, précédemment utilisée pour loger des demandeurs d’asile. Ces mouvements s’inscrivent dans une série de mesures prises par le nouveau gouvernement travailliste pour gérer les arrivées massives de migrants par la Manche, un problème exacerbé par des émeutes historiques anti-immigration plus tôt cet été.

Face à des traversées record de la Manche, avec plus de 18 000 arrivées enregistrées entre janvier et août 2024, le gouvernement de Starmer s’est engagé à renforcer les mesures de sécurité aux frontières et à augmenter les capacités de rétention, en réponse à l’afflux continu de migrants. Yvette Cooper, la ministre de l’Intérieur, a annoncé des plans pour recruter une centaine d’agents de renseignement pour s’attaquer aux organisations de passeurs et augmenter le nombre d’expulsions.

Les nouvelles politiques comprennent également l’augmentation des capacités des centres d’expulsion et la création d’une nouvelle entité, la Border Security Command, qui supervisera la lutte contre les gangs de passeurs. Ces mesures, tout en étant sous le couvert de la Convention européenne des droits de l’homme, visent à accélérer le processus d’expulsion pour les demandeurs d’asile dont les dossiers ont été refusés, avec un objectif de 14 500 départs dans les six prochains mois.

Le Premier ministre a également exprimé son désir de maintenir des relations étroites avec Europol et d’autres partenaires internationaux pour combattre la criminalité organisée liée à l’immigration. Cependant, malgré ces initiatives, le gouvernement n’a pas encore proposé de solutions concrètes pour augmenter les voies légales d’entrée dans le pays, ce qui reste un problème central.

Ces efforts pour réduire l’immigration irrégulière et renforcer les frontières marquent un changement significatif par rapport à l’approche plus accueillante de l’ancien leader travailliste, Jeremy Corbyn, et semblent être une nécessité politique pour répondre aux préoccupations croissantes de l’opinion publique face à l’immigration.