L’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, revient sur le devant de la scène avec la publication de Sacrés monstres!, un essai incisif qui plonge au cœur des coulisses du pouvoir. De son expérience au sein du monde politique, elle dresse un portrait sans concession de ses protagonistes, oscillant entre fascination et désillusion.
La métamorphose des « fauves » en « monstres »
Dans son ouvrage, Roselyne Bachelot établit une distinction entre les « fauves » d’autrefois et les « monstres » d’aujourd’hui. Selon elle, la lutte pour le pouvoir, bien qu’ayant toujours été féroce, obéissait jadis à des règles. Ces dernières, désormais brisées par l’émiettement des partis politiques, ont donné naissance à des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Pour elle, ces figures représentent une forme de sauvagerie imprévisible qui ne cesse d’interroger et de désespérer.
Roselyne Bachelot n’hésite pas à égratigner Jean-Luc Mélenchon, pour lequel elle avoue une admiration mêlée de répulsion. Elle le décrit comme un « trotskiste pur jus » dont la stratégie serait planifiée de longue date. Comparant son parcours à celui d’un bernard-l’ermite, elle souligne sa capacité à s’emparer des structures existantes, comme le Parti socialiste, pour mieux les détruire de l’intérieur.
Dans un passage touchant de son essai, l’auteure évoque son dernier rendez-vous avec Jacques Chirac, qu’elle perçoit comme la charnière entre l’ancienne génération des « fauves » et l’émergence des « monstres ». À ses yeux, son retrait de la vie politique et son décès en 2019 marquent la fin d’une époque, celle de la Ve République telle qu’on la connaissait.
Réformes indispensables pour la Ve République
Bachelot estime que la crise actuelle nécessite des réformes profondes de la Ve République. Selon elle, il faudrait imposer un vote de confiance pour tout Premier ministre, ainsi que n’autoriser que des motions de censure constructives, comme cela se fait en Allemagne ou en Espagne. L’objectif : éviter la paralysie institutionnelle et encourager les projets alternatifs.
Le retour en politique : un rêve inespéré
Son retour surprise au gouvernement en 2020, sous Emmanuel Macron, a intrigué. Bachelot confie avoir hésité, mais l’appel du ministère de la Culture, son « rêve de gosse », a été trop fort. Elle se dit aujourd’hui fière d’avoir contribué à la préservation de l’armature culturelle française dans un contexte de crise.
Malgré une carrière politique qu’elle juge « merveilleuse », Roselyne Bachelot avoue être désespérée pour l’avenir de son pays. Elle pointe du doigt l’absence de dignité de certains représentants actuels et l’opportunisme de certains partis, tout en exprimant son malaise face à l’évolution des comportements politiques.
La presse, coupable de nourrir la polémique
Outre les politiques, les journalistes ne sont pas épargnés dans son analyse. Elle reproche aux médias de se concentrer davantage sur la polémique que sur l’information, alimentant ainsi une sorte de « jeu de massacre ». Selon elle, la presse, autrefois soucieuse de relater les faits, cherche désormais à faire chuter des figures politiques.
Avec Sacrés monstres!, Roselyne Bachelot signe un essai à la fois drôle et désabusé, où elle règle ses comptes tout en offrant un éclairage pertinent sur la mutation du paysage politique français.