Le nom de Roland Lescure, vice-président de l’Assemblée nationale et ancien ministre délégué chargé de l’Industrie, a émergé ce jeudi matin comme potentiel futur Premier ministre. C’est sur les ondes de Radio Courtoisie, dans l’émission Ligne droite animée par Maud Koffler, que cette hypothèse a été évoquée pour la première fois. Depuis, l’information a déclenché un véritable séisme politique et une levée de bouclier du Rassemblement national.
Roland Lescure, marcheur de la première heure et fidèle du président Emmanuel Macron, bénéficie du soutien explicite du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler. Son profil de technocrate pragmatique, formé à Polytechnique et marqué par un parcours franco-canadien, en fait un candidat crédible pour Matignon. Pourtant, son positionnement politique divise profondément, tant du coté de l’aile droite la majorité présidentielle que dans l’opposition.
Toutes les droites contre Lescure
Les réactions les plus vives viennent du Rassemblement national (RN). La députée Hélène Laporte a dénoncé un homme “ouvertement anti-RN”, rappelant que Roland Lescure s’est plusieurs fois prononcé pour exclure le RN des discussions politiques. Laurent Jacobelli a également fustigé cette hypothèse, y voyant “une marque de mépris terrible” envers les 11 millions d’électeurs du parti et une insulte dans un contexte de “submersion migratoire”.
Des figures des Républicains (LR), notamment des proches de Bruno Retailleau, expriment leurs inquiétudes. Ils redoutent que les positions de Roland Lescure, jugées trop rigides sur des sujets tels que l’immigration et la sécurité, ne permettent pas un dialogue constructif avec leurs électeurs. Un membre influent du parti a résumé la situation : “Sa nomination poserait un gros problème.”
Roland Lescure a également suscité des critiques pour ses prises de position passées, notamment son plaidoyer en faveur de l’abandon du siège français au Conseil de sécurité de l’ONU au profit de l’Union européenne. Cette déclaration, perçue comme un acte de trahison à la souveraineté nationale, est aujourd’hui brandie comme un symbole de son éloignement des valeurs gaulliennes.
Dans le camp présidentiel, les avis sont loin d’être unanimes. Si certains centristes du MoDem, comme François Bayrou, sont pressentis pour Matignon, d’autres plaident pour des figures macronistes issues de la droite, comme Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin. Plusieurs hauts responsables évoquent un “casus belli” si Lescure était choisi.
Un choix risqué pour Macron
La nomination de Roland Lescure, si elle se confirme, pourrait être un pari politique audacieux mais extrêmement risqué pour Emmanuel Macron. Avec la levée de boucliers massive que suscite son éventuelle nomination, tant au sein de l’opposition que dans sa propre majorité, les chances de voir Roland Lescure accéder à Matignon paraissent désormais très faibles. Les critiques ouvertes, les divisions internes et le rejet des Républicains, du RN et d’une partie des centristes rendent sa désignation extrêmement délicate pour Emmanuel Macron, qui pourrait opter pour un profil moins controversé afin d’éviter une nouvelle crise politique majeure.