« Si on m’enferme dans un bac à glaçons et qu’on m’en sort juste pour jouer les grands tournois, je peux tenir jusqu’à 40 ans ! »
C’est un monument du tennis qui s’en va. En larmes, Roger Federer, 41 ans, a mis un terme à sa carrière vendredi soir à l’issue d’un double avec son rival de toujours, Rafael Nadal. Une soirée riche en émotions. En 2017, nous avions rencontré le Suisse. Il venait alors de remporter son huitième Wimbledon, son vingtième et dernier Grand Chelem. Âgé alors de 36 ans, il nous disait qu’avec un peu de chance, il pourrait tenir jusqu’à 40 ans. Il aura finalement raccroché à 41 ans. Entrevue vous propose de redécouvrir cette interview…
Entrevue : Tu as gagné ton huitième Wimbledon. Tu dépasses ton idole, Pete Sampras. Tu t’imaginais réussir une telle performance ?
Roger Federer : Non ! Quand je l’ai battu ici en 2001, je ne pensais pas que je dépasserais un jour son record ! J’espérais avoir la chance d’atteindre un jour la finale, et peut-être en gagner une. Mais en gagner huit, je n’y aurais jamais pensé ! Beaucoup de parents mettent la pression à leurs enfants dès l’âge de 3 ans pour qu’ils aient envie de tout gagner. Mais moi, je n’étais pas ce genre d’enfant. J’étais juste un gamin normal, qui espérait faire une carrière correcte dans le tennis. J’ai beaucoup travaillé, et ça a payé !
C’est spécial pour toi, Wimbledon ?
Oui, c’est vraiment spécial. Wimbledon est mon tournoi préféré ! C’est en regardant mes idoles jouer sur l’herbe de Wimbledon que j’ai eu envie de devenir un joueur de tennis !
L’année dernière a été difficile. Tu pensais que tu reviendrais à ce niveau ?
Je n’ai jamais perdu mon jeu, tout dépendait de mon physique ! Mon but était de retrouver une bonne condition pour pouvoir tenir cinq sets contre les meilleurs. Et j’ai réussi ! Mes proches ont joué un grand rôle, car ils ont toujours cru en moi et ça m’a aidé ! Ils savent me rassurer dans les périodes de doute et me remettre les pieds sur terre quand il le faut. Mon entourage a su me remettre à ma place quand c’était nécessaire !
Tu as gagné deux tournois du Grand Chelem cette année, alors que beaucoup de journalistes te voyaient déjà à la retraite. C’est une revanche ?
Honnêtement, je me suis surpris moi-même ! Je n’aurais jamais pensé atteindre de nouveau un tel niveau. Et je pense que si j’avais dit aux journalistes que je gagnerais deux Grand Chelems cette année, tout le monde aurait rigolé !
Tu seras là l’an prochain ?
J’espère bien que je serai là, même s’il n’y a jamais de garantie, surtout à 36 ans ! Mais c’est clairement mon objectif !
Tu dis toujours que tu ne te préoccupes pas des records. Ça ne te motive pas ?
Je ne n’ai pas dit que je m’en fichais ! C’est juste une motivation supplémentaire !
Tu es le joueur le plus titré de l’histoire. C’est quoi ton secret ? (À l’époque, il devançait Nadal, Ndlr.)
J’ai toujours été un joueur très performant dans les grands rendez-vous. Si la pression paralyse certains joueurs, moi, c’est l’inverse, elle me rend meilleur ! Il m’est arrivé de jouer sur un court annexe, au début de ma carrière, et je ne sais pas pourquoi, mais je n’arrivais pas à jouer aussi bien que sur un court central ! Quand j’étais petit, je rêvais de jouer des grands matches, c’est peut-être pour ça que les grands matches me transcendent. J’ai eu aussi la chance d’être bien entouré, d’avoir de bons entraîneurs. Mes parents et ma femme m’ont aidé à grandir et devenir le joueur que je suis ! Ma femme est ma supportrice numéro 1, et ça m’aide !
Tu as bientôt 36 ans. Tu pourrais jouer jusqu’à 40 ans ?
Merci de me rappeler encore une fois mon âge ! ( Rires ) Mais ça va ! Si j’ai 300 jours de vacances par an, si on m’enferme dans un bac à glaçons et qu’on m’en sort juste pour jouer les grands tournois, je peux tenir jusqu’à 40 ans ! C’est possible ! ( Rires )
Tu as tout gagné. Qu’est-ce qui te motive encore ?
J’aime jouer, tout simplement. Ma femme aime me voir jouer, c’est ma première supportrice, elle est incroyable ! Les grands matches me motivent toujours autant, et ça ne me dérange pas de voyager. Surtout que par rapport à il y a quelques années, je joue moins de tournois, j’ai donc l’impression d’avoir un travail à temps partiel. C’est cool ! ( Rires )