Décédé hier à 90 ans, Richard Chamberlain était une figure incontournable de la télévision américaine des années 1960 à 1980. L’acteur a connu une carrière exceptionnelle, marquée par une popularité internationale et une grande polyvalence. De jeune premier romantique à interprète shakespearien, il a su naviguer entre théâtre, télévision et cinéma, tout en devenant un visage emblématique des grandes fresques télévisées.
De la gloire de Docteur Kildare à l’exil théâtral
Né en 1934 à Beverly Hills, Richard Chamberlain accède à la célébrité grâce à la série Le Jeune Docteur Kildare, diffusée dès 1961 sur NBC. Pendant cinq saisons, il incarne un jeune médecin séduisant et idéaliste, devenant rapidement une idole du petit écran. Mais soucieux d’échapper à cette image trop lisse, il quitte les États-Unis à la fin de la série pour se former au théâtre classique au Royaume-Uni.
Durant cette période, il interprète Hamlet sur scène, puis Richard II, obtenant la reconnaissance critique et prouvant qu’il pouvait se réinventer en acteur dramatique. Il enchaîne alors plusieurs rôles ambitieux, notamment dans Petulia de Richard Lester (1968) et The Music Lovers (1971) de Ken Russell, où il incarne le compositeur Tchaïkovski.
Les années 1980, l’âge d’or des mini-séries
C’est cependant à la télévision que Chamberlain trouve sa pleine mesure. Il devient une icône du format de la mini-série, alors en plein essor aux États-Unis. En 1980, Shogun marque un tournant dans sa carrière. Il y joue John Blackthorne, navigateur anglais échoué au Japon au XVIIe siècle, dans une saga épique saluée pour sa qualité de production et son interprétation. Le succès est planétaire.
Il enchaîne avec Les Oiseaux se cachent pour mourir (1983), où il campe le père Ralph, un prêtre partagé entre sa foi et son amour interdit. Cette adaptation du roman de Colleen McCullough devient un phénomène mondial, notamment en France, où elle est régulièrement rediffusée.
Son parcours dans les mini-séries continue avec Le Comte de Monte-Cristo (1975), L’Homme au masque de fer (1977), Wallenberg: A Hero’s Story (1985) ou encore La Mémoire dans la peau (1988), où il est le premier à incarner Jason Bourne à l’écran, bien avant Matt Damon.
Une carrière marquée aussi par le cinéma et la scène
Au cinéma, il participe à plusieurs films majeurs comme La Tour infernale (1974), superproduction catastrophe aux côtés de Paul Newman et Steve McQueen, ou encore La Dernière Vague (1977) de Peter Weir, thriller mystique australien dans lequel il explore les mythes aborigènes.
Dans un registre plus léger, il incarne Aramis dans Les Trois Mousquetaires (1973) et On l’appelait Milady (1974), deux films d’aventure de Richard Lester. Il joue aussi Allan Quatermain dans Les Mines du roi Salomon (1985) et La Cité de l’or perdu (1986), parodies assumées d’Indiana Jones.
Acteur éclectique, Chamberlain a poursuivi sa carrière sur scène jusqu’à un âge avancé, interprétant notamment My Fair Lady, Scrooge ou encore The Exorcist dans des versions théâtrales. Il fait aussi des apparitions remarquées dans les séries Desperate Housewives, Will & Grace ou Nip/Tuck dans les années 2000.
Surnommé par The New York Times le « Robert Redford du petit écran », Richard Chamberlain a su construire une carrière qui alliait popularité et rigueur artistique. Véritable sex-symbol dans les années 1960, il a su se réinventer sans cesse, devenant l’un des acteurs les plus respectés de sa génération, capable de séduire autant par son charisme que par son engagement dans des rôles complexes.
Sa filmographie, riche et variée, témoigne d’une volonté constante d’explorer de nouveaux territoires, qu’ils soient historiques, romantiques, psychologiques ou d’aventure. Un acteur complet, dont le nom restera indissociable d’un âge d’or de la télévision.