Depuis trois décennies, Eurostar règne sans partage sur le tunnel sous la Manche, reliant Paris à Londres en un peu plus de deux heures. Mais ce monopole pourrait bientôt vaciller. Le milliardaire britannique Richard Branson, fondateur de Virgin Group, doté entre autres de sa compagnie aérienne, veut secouer le marché en lançant un service ferroviaire concurrent reliant Londres à Paris, Bruxelles, puis, à terme, Amsterdam. Un projet ambitieux qui pourrait voir le jour en 2029.
Pour financer cette offensive, Virgin compte lever 835 millions d’euros, mêlant 360 millions en actions et 480 millions d’endettement. L’objectif est clair : convaincre banques et investisseurs de soutenir ce projet qui bousculerait enfin un marché figé.
Virgin n’est cependant pas seul dans la course. Un autre acteur, la société espagnole Evolyn, ambitionne également de casser le monopole d’Eurostar avec un service similaire entre 2026 et 2030. Les deux projets répondent à un appel du pied de Getlink, ex-Eurotunnel, gestionnaire du tunnel sous la Manche. Pour accélérer l’ouverture à la concurrence, Getlink a simplifié les règles et propose même une subvention de 50 millions d’euros aux nouveaux entrants.
Le transport ferroviaire transmanche est l’un des rares secteurs encore fermé à la concurrence, alors que l’Europe pousse à l’ouverture des marchés ferroviaires et au développement du train décarboné. Eurostar devra bientôt composer avec une nouvelle donne, et pour les voyageurs, la perspective d’une baisse des prix et d’un meilleur service pourrait enfin devenir réalité.
La fin du monopole d’Eurostar n’est plus qu’une question de temps. Reste à savoir qui de Virgin ou d’Evolyn décrochera en premier le billet pour révolutionner le rail transmanche.