Riad Salamé, l’ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), a été placé en détention provisoire ce mardi à Beyrouth, après avoir été auditionné par le procureur général. Cette décision marque un tournant dans les enquêtes qui le visent pour des soupçons de détournement de fonds publics d’un montant dépassant les 40 millions de dollars.
Selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour auprès d’une source proche du parquet de Cassation, Salamé a été entendu pendant trois heures par le procureur général par intérim, Jamal Hajjar. Suite à cette audition, il a été placé en état d’arrestation pour permettre un complément d’enquête. On ne sait pas encore si le procureur compte poursuivre ses investigations ou transférer le dossier au Parquet d’appel ou au Parquet financier.
L’ancien gouverneur, âgé de 74 ans, est accusé de corruption, tant au Liban qu’à l’étranger, accusations qu’il a toujours réfutées. Depuis l’expiration de son mandat en juillet 2023, c’est la première fois qu’il comparaît devant la justice. Son arrestation intervient dans un contexte de crise économique sévère au Liban, crise dont Salamé est largement tenu pour responsable en raison de ses politiques monétaires controversées.
Salamé, en poste à la tête de la BDL depuis 1993, est souvent critiqué pour avoir mis en place des systèmes financiers risqués, souvent comparés à une « pyramide de Ponzi ». Depuis fin 2019, l’effondrement de l’économie libanaise a vu la monnaie nationale perdre plus de 98 % de sa valeur, plongeant de nombreux citoyens dans la précarité et leur coupant l’accès à leurs économies.
Bien que visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice française en mai 2023, Salamé n’avait pas répondu à une convocation de la justice française et bénéficiait jusque-là de la protection des autorités libanaises, qui refusent d’extrader leurs ressortissants. En juin dernier, la justice allemande a également annulé un mandat d’arrêt contre lui, sans pour autant clore l’enquête. Par ailleurs, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions économiques à son encontre, l’accusant de corruption et d’avoir contribué à l’effondrement de l’État de droit au Liban.
L’évolution de l’affaire Riad Salamé est suivie de près, tant par les observateurs nationaux qu’internationaux, alors que le Liban reste englué dans une crise politique et économique sans précédent.