Revers pour Giorgia Meloni : la justice italienne invalide son projet de rétention des migrants en Albanie

Entrevue 1

Le projet de Giorgia Meloni, visant à externaliser la gestion des demandeurs d’asile en Albanie, a subi un sérieux camouflet. Le 18 octobre 2024, un tribunal italien a invalidé la rétention de 12 migrants transférés vers l’Albanie dans le cadre d’un accord conclu entre Rome et Tirana. Cet échec représente un revers pour la Première ministre italienne, qui avait fait de la lutte contre l’immigration illégale l’une de ses priorités.

Un projet migratoire controversé

Depuis l’été 2023, le gouvernement de Giorgia Meloni a mis en place un accord avec l’Albanie visant à envoyer des migrants adultes en bonne santé, secourus en mer Méditerranée, dans des centres de rétention en Albanie. Cette initiative était présentée par Meloni comme une solution innovante face aux défis migratoires auxquels l’Italie fait face, en particulier face aux flux continus de migrants traversant la Méditerranée depuis les côtes nord-africaines.

Cependant, ce projet a rapidement rencontré des obstacles juridiques. Un tribunal italien, invoquant un récent arrêt de la Cour européenne de justice, a statué que les migrants originaires d’Égypte et du Bangladesh transférés en Albanie ne remplissaient pas les critères pour être retenus dans un pays tiers. La Cour européenne exige en effet que seuls des pays entiers, et non des régions spécifiques, puissent être désignés comme « pays sûrs » pour l’accueil de demandeurs d’asile. L’Italie avait récemment étendu sa liste de « pays sûrs » à 22 nations, mais cette liste inclut des pays ou des régions qui ne répondent pas entièrement aux critères fixés par l’Union européenne.

Une réaction ferme de Meloni

Face à cette décision, Giorgia Meloni a réagi avec fermeté, affirmant que « les Italiens [lui] ont demandé d’arrêter l’immigration illégale » et qu’elle poursuivra cet objectif malgré l’opposition judiciaire. Elle a également fustigé les juges italiens, estimant qu’il ne leur appartenait pas de décider quels pays sont sûrs ou non, une responsabilité qu’elle attribue exclusivement à son gouvernement.

Le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a quant à lui annoncé que le gouvernement ferait appel de cette décision, tout en préparant un décret visant à contourner cet obstacle judiciaire et à inscrire dans la loi la liste des 22 pays jugés sûrs par Rome.

Opposition et ONG applaudissent

L’opposition italienne, qui dénonce depuis le début la politique migratoire de Meloni, a salué cette décision de justice. Elly Schlein, cheffe du Parti démocrate (PD, centre-gauche), a félicité les juges en déclarant : « Nous l’avions dit dès le départ. Ce plan était voué à l’échec car contraire aux lois européennes. »

Les ONG, notamment Sea-Watch Italy, engagées dans le sauvetage des migrants en Méditerranée, ont également applaudi cette décision, qualifiant le projet de Meloni de « spectacle médiatique heurtant le droit national et international. »

Cette décision représente un coup dur pour Meloni, qui cherchait à faire de cet accord avec l’Albanie un modèle pour l’Europe. Alors que certains États membres de l’Union européenne suivent de près cette initiative, espérant y trouver une solution à la gestion des flux migratoires, le rejet de ce projet par la justice pourrait affaiblir la position de Meloni sur la scène européenne.

L’Italie, en première ligne face à la crise migratoire, est sous pression pour trouver des solutions durables. Mais le bras de fer entre Giorgia Meloni et la justice italienne, combiné aux règles européennes strictes en matière de gestion des demandeurs d’asile, complique ses ambitions.

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