Réveillon du Nouvel An : l’alcool, premier danger sur la route

Entrevue 1

Alors que les festivités de fin d’année battent leur plein, la déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Florence Guillaume, tire la sonnette d’alarme : les trois-quarts des accidents mortels recensés le 1ᵉʳ janvier des précédentes années sont liés à l’alcool. Pour l’association Prévention Routière, près de la moitié des Français redoutent eux aussi un drame sur la route en cette soirée de la Saint-Sylvestre.

Des idées reçues qui persistent

Malgré une forte sensibilisation et une conscience collective en nette progression, « il y a une forme de déni sur le 31 décembre, où on a tendance à s’autoriser un peu », relève Florence Guillaume. Beaucoup pensent en effet qu’il suffit de « rouler doucement » ou d’« attendre un peu » pour échapper au risque. Or, rappelle la déléguée, « il n’y a qu’une seule réalité : seul le temps fait diminuer le taux d’alcool dans le sang ».

Ce constat est partagé par la Prévention Routière. Dans son dernier baromètre, l’association signale qu’environ un Français sur deux (48%) méconnaît la durée nécessaire pour éliminer un verre d’alcool. Le café, le bonbon mentholé ou les petites routes n’y changent rien : « Deux heures, c’est le temps incompressible pour éliminer une consommation de type standard », insistent les bénévoles.

Une surconsommation souvent banalisée

Alors même que la Sécurité routière souligne que 93% des accidents mortels sous l’effet de l’alcool impliquent des conducteurs masculins, les idées reçues sur la capacité « supérieure » des hommes à tolérer l’alcool perdurent. « C’est complètement faux », tranche Florence Guillaume. « La corpulence ne fait pas la résistance. »

La Prévention Routière, de son côté, déplore la tendance à verser des doses trop importantes lorsqu’on est chez soi. Lors de démonstrations dans plusieurs grandes villes, les bénévoles constatent que les doses servies « à la maison » dépassent allègrement les mesures habituelles des bars. Dix centilitres de whisky, souvent servis sans s’en apercevoir, correspondent en réalité à plus de trois « doses bar ».

L’association souligne par ailleurs qu’environ 10% des Français reconnaissent consommer plus de huit verres le soir du réveillon : une « surdose » qui vient augmenter encore les risques sur la route.

Mieux anticiper le retour

Les autorités et les associations rappellent l’importance d’anticiper pour profiter pleinement des fêtes :

  • Désigner un Sam : un conducteur sobre pour la soirée.
  • Se tester : éthylotests chimiques ou électroniques, largement disponibles en pharmacie ou dans certaines grandes surfaces.
  • Limiter les risques dès la préparation de la soirée : décourager ses proches de reprendre le volant s’ils ont trop bu, proposer des solutions d’hébergement ou encourager l’usage de taxis et VTC.

Malgré une hausse attendue du bilan de la mortalité routière en 2024, Florence Guillaume rappelle que l’année 2023 avait déjà marqué un niveau historiquement bas depuis 1926. Une évolution positive à mettre au crédit des multiples actions de sensibilisation et d’une prise de conscience collective croissante.

Néanmoins, la déléguée interministérielle à la Sécurité routière tempère : « Un seul mort sur la route est toujours un mort de trop. » En ce 31 décembre, tous s’accordent sur le fait que la fête ne doit pas se terminer sur un drame. Le message est clair : « Ne prenez pas le volant si vous avez bu. »

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