La Cour des comptes a dévoilé ce jeudi un rapport alarmant sur l’avenir du système de retraites en France, mandaté par François Bayrou pour servir de base aux négociations entre partenaires sociaux. Selon ses projections, le déficit atteindrait 15 milliards d’euros en 2035 et 30 milliards en 2045 si aucune réforme supplémentaire n’est mise en place. En 2023, un excédent de 8,5 milliards d’euros a été enregistré, mais il s’explique par des effets conjoncturels liés à l’inflation et aux dernières réformes. Dès 2024, le système redevient déficitaire, et la tendance s’aggrave dans les années à venir. La Cour a également mis fin aux accusations de « déficit caché » des retraites des fonctionnaires, confirmant que leur régime suit des règles spécifiques, mais sans opacité budgétaire.
Le principal levier d’ajustement reste l’âge de départ à la retraite. La réforme de 2023, qui a repoussé cet âge à 64 ans, devrait générer 10 milliards d’économies d’ici 2030. Si l’âge légal était abaissé à 63 ans, cela coûterait 5,8 milliards d’euros au système, tandis qu’un passage à 65 ans permettrait d’économiser 8,4 milliards d’ici 2035. D’autres mesures sont évoquées, comme l’allongement de la durée de cotisation au-delà des 43 ans requis actuellement. Ajouter une année supplémentaire rapporterait 5,2 milliards d’euros, tandis qu’une réduction d’un an creuserait le déficit de 3,9 milliards.
Parmi les autres pistes étudiées, la Cour suggère une révision des conditions d’indexation des pensions. Une sous-indexation des retraites d’un point par rapport à l’inflation permettrait d’économiser 2,9 milliards dès 2025, mais cette mesure serait impopulaire auprès des retraités. Une hausse des cotisations pourrait également être envisagée, bien que ses effets sur l’économie restent difficiles à mesurer. Ces ajustements techniques, combinés à un report de l’âge légal, pourraient permettre de stabiliser le système, mais au prix de tensions sociales importantes, rappelant les mobilisations massives de 2023 contre la précédente réforme.
Avec ce rapport, la Cour des comptes met en lumière l’urgence d’une réforme structurelle et laisse désormais la responsabilité aux partenaires sociaux. Le gouvernement assure ne rien imposer et souhaite que syndicats et patronat trouvent eux-mêmes les solutions pour assurer l’avenir du système. Un premier « conclave » est prévu à la fin de la semaine prochaine pour lancer les discussions, mais le débat s’annonce houleux, tant les positions sont éloignées entre les différentes organisations. L’ampleur du chantier montre que la question des retraites restera un sujet brûlant dans les mois à venir.