Retraites : la CFDT insiste sur l’injustice du report à 64 ans et demande une révision

08 septembre, 2024 / Entrevue

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a réitéré sa position contre la réforme des retraites, la qualifiant d’“injuste”. Elle a insisté sur la nécessité de suspendre “a minima” la loi avant toute discussion, alors que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a exprimé son souhait d’“ouvrir le débat” pour une éventuelle “amélioration” du texte.

“Traiter l’éléphant dans la pièce”

Lors de son intervention sur France Inter, le dimanche 8 septembre, Marylise Léon a mis en avant la question centrale du report de l’âge légal de la retraite à 64 ans. “Il faut qu’on mette tous les sujets sur la table. Il faut qu’on traite l’éléphant dans la pièce, et c’est les 64 ans”, a-t-elle déclaré. Elle souhaite que cette mesure soit au cœur des discussions avec le nouveau chef du gouvernement, qui a montré une volonté d’ouverture, bien que prudent quant à une remise en cause du relèvement de l’âge de départ à la retraite.

Une réforme jugée “profondément injuste”

Selon la dirigeante syndicale, la réforme adoptée au printemps 2023 est “profondément injuste”, en particulier en raison du décalage de l’âge légal. Elle a exprimé l’espoir que Michel Barnier, malgré son passé en faveur d’un report à 65 ans lors de la primaire LR en 2021, serait ouvert aux arguments du monde syndical. “J’imagine que lorsqu’il prend le costume de Premier ministre, il est à l’écoute des personnes qu’il a en face de lui”, a-t-elle affirmé, soulignant que la CFDT devra démontrer que ce décalage est “le levier le plus injuste”.

Marylise Léon a également souligné la nécessité pour le monde du travail de s’attaquer aux questions de pénibilité et d’exposition aux risques, qui, selon elle, sont insuffisamment prises en compte dans la réforme actuelle.

Les enjeux budgétaires et la responsabilité des acteurs sociaux

Du côté présidentiel, l’argument financier est mis en avant, rappelant qu’une abrogation de la réforme des retraites coûterait entre 14 et 20 milliards d’euros par an d’ici 2030. Toutefois, Marylise Léon a jugé cet argument exagéré. Elle estime que les responsables politiques refusent de revenir sur une réforme qu’ils jugent nécessaire, malgré les nombreuses tensions qu’elle a suscitées dans le pays.

Pour la secrétaire générale de la CFDT, la réforme initialement envisagée par le gouvernement, avec un système de retraite par points, aurait permis de mieux répondre aux enjeux de justice sociale. Elle a critiqué la décision d’imposer les 64 ans sans régler ces problématiques et a souligné que le rejet de la réforme s’était également exprimé lors des élections législatives.

Marylise Léon a conclu en appelant les acteurs sociaux, syndicaux et patronaux, à se réunir rapidement autour de la table des négociations afin de trouver une solution juste pour tous.