Le procès des viols de Mazan, une affaire bouleversante qui secoue la France, reprend ce lundi au tribunal d’Avignon après une semaine d’interruption. Depuis septembre, ce procès met en lumière les sévices subis par Gisèle Pelicot, victime de viols organisés sur près de dix ans par son ex-mari, Dominique Pelicot, qui aurait drogué sa femme pour la rendre inconsciente et permettre à une cinquantaine d’hommes de l’agresser sexuellement. Les audiences de cette semaine se concentreront sur huit nouveaux accusés parmi les 51 personnes poursuivies dans cette affaire hors norme.
Dominique Pelicot, aujourd’hui âgé de 71 ans, est accusé d’avoir exploité Gisèle en recrutant en ligne des agresseurs sous le prétexte d’une relation libertine, entre 2011 et 2020, à leur domicile de Mazan, dans le Vaucluse. Après avoir subi une décennie de soumission chimique, Gisèle Pelicot se tient à présent devant la justice, déterminée à affronter cette épreuve pour obtenir réparation. Les 51 accusés, âgés de 26 à 74 ans, encourent jusqu’à 20 ans de prison pour viols aggravés, tandis que le verdict final est attendu pour le 20 décembre.
Pour Gisèle Pelicot et ses avocats, cette longue bataille judiciaire est éprouvante, d’autant que les accusés tendent à minimiser leurs actes. Nombre d’entre eux expliquent leurs gestes comme des « erreurs de jugement » ou des viols « par accident ». Me Antoine Camus, avocat de la victime, déplore ces défenses répétitives et souligne la souffrance de Gisèle, qui doit écouter que son calvaire serait imputable uniquement à son mari. Ces justifications lassent et exaspèrent la victime, dont la patience est mise à rude épreuve alors qu’elle lutte pour obtenir justice.
Les nouveaux accusés qui comparaissent cette semaine proviennent de milieux divers : un chauffeur routier, un ouvrier, un agent d’entretien, un manageur de restaurant, un technicien informatique, et un célibataire séropositif qui se serait rendu plusieurs fois à Mazan sans protection. L’un des accusés, actuellement visé par un mandat d’arrêt international, sera jugé en son absence. Un autre est soupçonné d’avoir violé Gisèle en région parisienne en 2019, avec la complicité de Dominique Pelicot, au domicile de leur fille.
Caroline Darian, fille de Gisèle et Dominique Pelicot, est elle aussi touchée par ce drame. Des photos d’elle, endormie et prise à son insu, ont été retrouvées parmi les milliers d’images des viols de sa mère enregistrées par son père. Aujourd’hui, Caroline est convaincue que son père a également abusé d’elle. Epuisée par ce procès, elle a récemment annoncé sur les réseaux sociaux sa décision de se faire hospitaliser pour retrouver des forces et se préparer à affronter ce qu’elle considère comme « l’un des plus grands prédateurs sexuels et manipulateurs des dernières décennies ».
Malgré l’épreuve, Gisèle Pelicot continue à se battre, portée par le soutien constant de nombreux messages qui affluent de toute la France et au-delà. « Elle mène ce combat non seulement pour elle-même mais pour toutes les victimes de violences similaires », a souligné son avocat. Ce procès des viols de Mazan, symbole des dérives liées à la soumission chimique, pose des questions cruciales sur le consentement et la protection des victimes, en espérant que justice soit rendue pour Gisèle et que des mesures concrètes soient mises en place pour prévenir de tels abus.