Le tribunal d’appel de Sverdlovsk, dans l’Oural, a confirmé ce lundi la condamnation de Ksenia Karelina, une citoyenne russo-américaine de 33 ans, à douze ans de prison pour “trahison”. Son crime ? Un don de 50 dollars effectué en faveur d’une ONG de soutien à l’Ukraine. Ce geste, jugé hautement compromettant par la justice russe, marque une nouvelle escalade dans les tensions entre Moscou et Washington.
Un don à l’Ukraine coûteux en liberté
Originaire d’Ekaterinbourg en Russie, mais installée en Californie depuis plus de dix ans, où elle a obtenu la nationalité américaine, Ksenia Karelina avait transféré environ 50 dollars à l’ONG Razom le 24 février 2022, jour du début de l’offensive russe en Ukraine. Cette ONG apporte une aide matérielle à l’Ukraine, et, selon le tribunal, les fonds envoyés par Karelina auraient servi à l’achat de matériel médical, d’équipements tactiques, voire d’armes et de munitions pour les forces ukrainiennes.
Arrêtée en février 2024 alors qu’elle rendait visite à ses grands-parents en Russie, Karelina a reconnu sa culpabilité, bien que le contexte politique ait pesé lourdement dans la balance judiciaire. Le tribunal a confirmé l’exécution de la peine malgré le recours de sa défense, fermant ainsi toute voie d’appel pour la jeune femme.
Washington dénonce une “cruauté rancunière”
La condamnation de Karelina a rapidement pris une dimension internationale, Washington qualifiant ce verdict de “cruel et rancunier”. Les autorités américaines estiment que Moscou vise délibérément ses ressortissants dans une tentative de pression diplomatique, cherchant à les échanger contre des citoyens russes détenus à l’étranger. Cette situation a d’ailleurs pris de l’ampleur avec le plus grand échange de prisonniers entre Moscou et les pays occidentaux depuis la Guerre froide, le 1er août dernier, où des journalistes américains et des opposants russes ont été libérés en échange d’agents russes présumés emprisonnés en Occident.
Depuis le début du conflit en Ukraine, les autorités russes redoublent de sévérité envers les opposants présumés au régime et aux critiques de l’armée. Les arrestations pour “espionnage”, “trahison”, “sabotage” ou “extrémisme” se multiplient, avec à la clé des peines de prison extrêmement lourdes, même pour des actions considérées comme insignifiantes dans d’autres pays. La condamnation de Ksenia Karelina ne semble être qu’un exemple parmi d’autres, renforçant l’atmosphère de répression qui règne aujourd’hui en Russie.
Ainsi, le cas de Karelina symbolise non seulement l’intransigeance du Kremlin face aux critiques, mais il illustre aussi la tension diplomatique grandissante entre la Russie et les États-Unis, une situation où chaque citoyen peut devenir une monnaie d’échange potentielle dans le jeu complexe des relations internationales.