Rencontre Macron-Milei : un test pour l’influence française en Amérique lati

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Emmanuel Macron entame ce samedi une visite officielle en Argentine, marquée par une rencontre avec le président Javier Milei, figure controversée de l’ultralibéralisme et proche de Donald Trump. Objectif affiché : ramener l’Argentine dans le giron du « consensus international », à la veille du sommet du G20 au Brésil.

Une rencontre stratégique

Le président français arrivera à Buenos Aires en fin de journée pour un dîner en tête-à-tête avec son homologue argentin, avant un second entretien programmé dimanche. Cette visite intervient dans un contexte diplomatique tendu : Javier Milei revient à peine d’un déplacement à Mar-a-Lago, où il a rencontré Donald Trump, président élu des États-Unis. Les deux hommes partagent une même vision économique radicale, fondée sur des coupes drastiques dans les dépenses publiques, et affichent une hostilité commune envers les grands accords climatiques.

La France espère néanmoins surmonter ces divergences pour convaincre l’Argentine de rester partie prenante des priorités internationales. « Il s’agit de raccrocher le président Milei aux engagements du G20, notamment sur les questions climatiques », explique l’Élysée. Une tâche délicate, alors que Buenos Aires vient de retirer sa délégation des négociations climatiques de la COP29 à Bakou, alimentant les spéculations sur une possible sortie de l’Accord de Paris, à l’image du geste de Donald Trump en 2017.

Emmanuel Macron s’est souvent distingué par sa volonté de dialoguer avec des dirigeants controversés, un exercice dont les résultats restent contrastés. « Cette visite sera un test pour mesurer l’influence de Macron en Amérique latine », analyse Oscar Soria, expert des négociations climatiques. Si le président français échoue à convaincre Javier Milei de maintenir l’Argentine dans l’Accord de Paris, cela pourrait encourager d’autres pays sud-américains à suivre la même voie.

Pour Alejandro Frenkel, spécialiste des relations internationales, cette rencontre offre à Macron une opportunité de réaffirmer son rôle de leader sur les questions environnementales, en s’opposant notamment aux réticences de Milei et en justifiant son refus de ratifier l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.

Au-delà des questions climatiques, Paris espère renforcer les relations économiques avec Buenos Aires. L’inauguration récente d’une mine de lithium en Argentine par Eramet illustre les ambitions françaises dans le domaine des métaux critiques. Par ailleurs, la vente de sous-marins français Scorpène est évoquée, bien que le financement reste un obstacle majeur pour la marine argentine.

Dimanche, Emmanuel Macron rendra également hommage aux Français disparus sous la dictature militaire argentine (1976-1979). Une commémoration d’autant plus symbolique que Javier Milei fait l’objet d’accusations de révisionnisme historique de la part de ses opposants.

Un agenda chargé en Amérique latine

Après son passage en Argentine, le président français participera au sommet du G20 à Rio de Janeiro, avant de se rendre au Chili. À Valparaiso, il prononcera jeudi un discours stratégique sur la politique française en Amérique latine, une région où la France cherche à étendre son influence face à une compétition internationale accrue.

En engageant ce dialogue avec Javier Milei, Emmanuel Macron joue une carte diplomatique audacieuse, mais risquée, dans une région marquée par des tensions politiques et économiques.

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