À la veille de la présentation du budget 2025, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé un appel aux partenaires sociaux pour reprendre les négociations sur l’assurance-chômage et l’emploi des seniors, en demandant 400 millions d’euros d’économies supplémentaires par an. Elle défend la réforme des retraites, qui fixe l’âge légal à 64 ans, et refuse tout retour en arrière à ce sujet.
Dans une interview accordée à l’Opinion, Panosyan-Bouvet affirme que la lutte pour le plein emploi reste une priorité, alors que le taux de chômage en France est encore supérieur à la moyenne européenne. Si des efforts importants ont été réalisés, notamment avec l’augmentation du taux d’activité des jeunes et des seniors, des défis subsistent. « Le travail est un facteur clé d’estime de soi et de lien social », souligne la ministre, insistant sur le maintien des dispositifs d’insertion à budget constant.
Réduction des dépenses publiques et réformes
Le poids de la dette publique pèse sur la capacité de l’État à financer les modèles sociaux et à investir dans l’avenir, explique Panosyan-Bouvet. Ce contexte contraint la politique budgétaire, avec des mesures telles que le report de la revalorisation des pensions de retraite ou la réduction des indemnités journalières pour les arrêts maladie. Cependant, la ministre se montre pragmatique : la baisse des indemnités est une mesure à court terme, mais elle prévient que la question de la responsabilité individuelle et de l’absentéisme devra être abordée à l’avenir.
Malgré les inquiétudes concernant la réforme du RSA, qui s’appliquera à plus d’un million de nouveaux inscrits dès 2025, Panosyan-Bouvet reste ferme sur la suppression de 500 postes à France Travail. Elle insiste sur la stabilité des subventions et la nécessité de respecter les accords avec les partenaires sociaux. Selon elle, cette réduction d’effectifs ne remet pas en cause la réforme de l’emploi.
La ministre veut laisser place au dialogue social pour la réforme de l’assurance-chômage, se montrant réticente à une nouvelle réforme qui pourrait « pénaliser tout le monde ». Selon elle, les partenaires sociaux devraient plutôt se concentrer sur des ajustements tels que le renforcement des contrôles ciblés de France Travail. Elle souligne également l’importance de s’attaquer aux vrais problèmes de l’emploi, comme la formation, le transport et le logement.
Réforme de l’apprentissage et réduction des charges
L’apprentissage reste une priorité pour le gouvernement, bien que des ajustements budgétaires soient à prévoir, avec une réduction de 1,2 milliard d’euros sur les aides à l’embauche. Panosyan-Bouvet privilégie une réduction de la prime à l’embauche à 4 500 euros, contre 6 000 actuellement, pour plus de lisibilité et de simplicité.
Enfin, concernant la réduction des allègements de charges sur les salaires proches du SMIC, la ministre réfute les estimations alarmistes du président du Medef, Patrick Martin, qui prédit des destructions massives d’emplois. Elle explique que cette mesure vise à rendre les augmentations de salaires moins coûteuses pour les entreprises tout en évitant que le SMIC devienne un « salaire à vie ».
Régularisation des travailleurs étrangers
Panosyan-Bouvet souligne que les métiers en tension, comme ceux de la santé et de la propreté, dépendent largement de la main-d’œuvre immigrée. Pour elle, il est essentiel de trouver un équilibre entre la régularisation des travailleurs étrangers qui respectent les règles et la lutte contre le dumping social provoqué par la clandestinité. « Un travailleur étranger intégré et respectueux des règles doit avoir sa chance », conclut-elle dans cet entretien accordé à L’Opinion.