Réforme des retraites : le Medef prône une refonte globale de la protection sociale

Entrevue 1

Reçu à Matignon ce mardi 7 janvier, le président du Medef, Patrick Martin, a profité de son entretien avec le Premier ministre François Bayrou pour appeler à dépasser le cadre de l’aménagement de la réforme des retraites de 2023. Le patronat souhaite élargir les discussions au financement global de la protection sociale, considérant que les régimes actuels sont « à bout de souffle ».

Patrick Martin a présenté plusieurs pistes, notamment une réflexion sur les régimes de retraite par capitalisation et le transfert partiel du coût de la protection sociale vers la fiscalité, via la CSG ou la TVA sociale. Cependant, il a reconnu que cette dernière option semblait écartée par le gouvernement à ce stade. Ces propositions visent à renforcer la stabilité et la visibilité pour les entreprises, tout en évitant une hausse des charges sociales ou du coût du travail.

Le Medef fixe toutefois des lignes rouges. Si les entreprises sont prêtes à contribuer à l’aménagement de la réforme, Patrick Martin insiste pour que ces travaux n’édulcorent pas le rendement financier de celle-ci, déjà jugé insuffisant selon les dernières projections du Conseil d’orientation des retraites (COR). Ces chiffres prévoient un déficit atteignant 0,8 % du PIB à long terme.

François Bayrou, pour sa part, a proposé une concertation élargie de neuf mois pour ajuster la réforme de 2023, qui a porté l’âge légal de départ à 64 ans. Il a évoqué la possibilité d’explorer un système par points, idée abandonnée en 2019. Cette approche vise à construire un nouveau consensus sans suspendre la réforme actuelle.

Au-delà des retraites, Patrick Martin appelle à une remise à plat globale du financement de la protection sociale. Il a proposé de saisir cette opportunité pour ouvrir un chantier de discussions avec les partenaires sociaux sur l’ensemble des dispositifs de solidarité nationale. L’objectif, selon lui, est de garantir la pérennité du système tout en ménageant la compétitivité des entreprises.

Ces consultations s’inscrivent dans un contexte de tension budgétaire, alors que le gouvernement cherche à réaliser 50 milliards d’euros d’économies. Le Medef plaide pour un équilibre entre stabilité économique et allègement fiscal afin d’éviter de fragiliser davantage le tissu entrepreneurial.

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