Réduction historique des quotas d’immigration au Canada : une réponse à la crise du logement et des services publics

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Le Canada, longtemps perçu comme une terre d’accueil pour les immigrants, a annoncé une réduction « considérable » des quotas de résidents permanents qu’il accueillera dès 2025. Le Premier ministre Justin Trudeau a révélé jeudi que ces nouveaux objectifs, qui marquent une baisse de 21 %, visent à « stabiliser la croissance démographique » et à donner aux gouvernements le temps d’investir dans des secteurs essentiels comme le logement, la santé et les services sociaux.

Un changement stratégique pour l’avenir du pays

Le gouvernement avait initialement prévu d’accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents en 2025 et 2026, mais les nouveaux chiffres sont fixés à 395 000 pour l’année prochaine, 380 000 en 2026, et 365 000 en 2027. Cette réduction fait suite à des niveaux d’immigration record, où 98 % de la croissance démographique en 2023 provenait de l’immigration, portant la population du pays à plus de 41 millions.

Selon Justin Trudeau, « l’immigration est essentielle pour l’avenir du Canada, mais elle doit être contrôlée et durable ». Cette réduction devrait offrir aux provinces et au gouvernement fédéral le temps nécessaire pour répondre aux pressions sur le logement et les infrastructures publiques, deux sujets devenus prioritaires pour les Canadiens.

Une réponse à une opinion publique de plus en plus réticente

Les changements interviennent dans un contexte où l’opinion publique canadienne devient de plus en plus sceptique à l’égard de l’immigration. Un sondage réalisé en octobre 2024 par Abacus Data montre que 58 % des Canadiens estiment qu’il y a trop d’immigration, un chiffre en nette augmentation depuis deux ans. La pression liée à la flambée des prix du logement et à la saturation des services publics alimente cette perception.

Pour la Chambre de commerce du Canada, cette réduction est « décevante » pour les entreprises qui dépendent de l’immigration pour répondre à leurs besoins de main-d’œuvre. Le chef de l’opposition conservatrice, Pierre Poilievre, a quant à lui critiqué la volte-face du gouvernement, l’accusant d’avoir « détruit le meilleur système d’immigration au monde ».

Un défi pour la popularité de Justin Trudeau

Avec près de 20 points de retard dans les sondages face à son principal rival politique, Justin Trudeau cherche à répondre aux préoccupations des Canadiens. Ce changement de cap vise à redorer son image, alors que de plus en plus de voix au sein de son propre parti mettent en doute son leadership. La réduction des quotas d’immigration pourrait ainsi représenter une tentative de regagner la confiance de l’électorat, tout en répondant aux défis structurels du pays.

Le débat autour de cette décision ne fait que commencer, avec des critiques de tous bords politiques, mais aussi des milieux économiques qui craignent les répercussions sur la croissance à long terme du Canada.

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