Trois jours après sa nomination, le nouveau ministre des Outre-mer détaille sa feuille de route dans un entretien à Outre-mer la 1ère.
Le 23 décembre, Manuel Valls a été nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement de François Bayrou. Fort d’une expérience marquée par son passage à Matignon, l’ancien Premier ministre prend les rênes d’un portefeuille où se mêlent crises sociales, économiques et politiques. Dans un entretien, il détaille ses priorités et sa méthode pour relever les défis des territoires ultramarins.
Reconstruire Mayotte après le cyclone Chido
Premier défi pour le ministre : la reconstruction de Mayotte, dévastée par le cyclone Chido. Accompagné de François Bayrou et de plusieurs ministres, Manuel Valls se rendra sur l’île le 29 décembre pour rencontrer élus, forces vives et habitants.
« Je sais les attentes, la peur, les angoisses, la colère après ce désastre », confie-t-il. Si le Premier ministre quittera Mayotte dès le lendemain, Valls prolongera sa visite pour piloter les consultations nécessaires à l’élaboration d’une loi spéciale visant à accélérer la reconstruction. Ce texte, qui pourrait être présenté en Conseil des ministres le 3 janvier, doit permettre des dérogations dans des domaines comme l’urbanisme ou la collecte de dons.
Pour Manuel Valls, cette reconstruction s’annonce longue et complexe : « Il faut tirer les leçons du passé, même si c’est difficile. Ce sera un travail de longue haleine, et il faut éviter la démagogie. »
Nouvelle-Calédonie : prioriser le redressement économique
En Nouvelle-Calédonie, la priorité sera économique. Le territoire, fragilisé par des mois de crise sociale et politique, attend toujours l’application des engagements pris par l’ancien gouvernement, notamment en matière d’aides financières.
« Pour moi, l’urgence, c’est d’aider les collectivités et les entreprises à redresser le territoire », déclare-t-il. Manuel Valls prône le dialogue pour dépasser les fractures entre indépendantistes et non-indépendantistes, exacerbées par les émeutes du printemps dernier. S’inspirant de Michel Rocard, artisan des accords de Matignon, il entend avancer rapidement pour bâtir « un chemin commun ».
Lutte contre la vie chère : des engagements à tenir
La vie chère reste un problème majeur dans tous les Outre-mer. Manuel Valls s’engage à respecter les accords négociés en Martinique en octobre dernier, bien que leur mise en œuvre ait été perturbée par le changement de gouvernement. Le protocole prévoyait une baisse de 20 % des prix sur 6 000 produits.
« Il faudra sans doute aller plus loin », admet-il, en soulignant que la lutte contre l’inflation, les inégalités et la précarité est une priorité absolue pour redonner espoir à ces territoires.
Changer de regard sur les Outre-mer
Pour Manuel Valls, la gestion des Outre-mer nécessite un changement de paradigme. « On parle des Outre-mer seulement en cas de catastrophe, d’émeutes, ou lors de victoires sportives, puis on les oublie », déplore-t-il.
Le ministre appelle à sortir d’une « infantilisation » des territoires ultramarins. « Les Outre-mer sont un atout pour la France. Il faut redéfinir ce lien, non pas par une simple réforme institutionnelle, mais par une méthode différente », conclut-il. Alors qu’il entame son mandat, Manuel Valls semble déterminé à insuffler une dynamique nouvelle et à apporter des réponses concrètes aux attentes des populations ultramarines.