Chaque année, le théâtre antique d’Orange accueille les Chorégies, une célébration des airs lyriques qui fait vibrer la ville. Cependant, ce samedi, la cité vauclusienne sera également le théâtre d’un événement politique bien différent : la rentrée du parti Reconquête, fondé par Éric Zemmour. À cette occasion, Mila, militante anti-islam, prendra la parole lors d’un rassemblement où sont attendus entre 1 800 et 2 000 militants. En marge du discours de Zemmour, des tables rondes réunissant influenceurs d’extrême droite et chroniqueurs télévisés discuteront des thématiques du « combat culturel ».
Cet événement intervient dans un contexte difficile pour Reconquête, fragilisé par des dissensions internes et la perte de nombreux cadres, dont Marion Maréchal. Cette dernière, qui avait conduit la liste du parti lors des élections européennes, a quitté la formation, tout comme la majorité des eurodéputés élus sous la bannière du parti en 2022. Les adversaires de Zemmour, notamment au sein du Rassemblement national (RN), voient dans ces départs le début de la fin pour Reconquête.
Malgré ces turbulences, les dirigeants du parti se veulent optimistes. Sarah Knafo, vice-présidente de Reconquête et unique élue du parti au Parlement européen, souligne la popularité toujours présente de Zemmour dans les sondages, le positionnant entre 5 et 6 %, un score supérieur à celui de certaines figures de droite. Selon elle, l’espace politique pour Reconquête demeure vaste, alors que d’autres partis de droite, comme ceux de Laurent Wauquiez ou Marion Maréchal, se rapprochent du RN ou du macronisme. Knafo insiste sur l’indépendance de Reconquête et sa capacité à fédérer autour d’un projet politique fort et cohérent.
Cependant, le programme de cette rentrée politique à Orange montre les difficultés du parti à maintenir une dynamique. Alors que les précédentes éditions des universités d’été de Reconquête attiraient plus de 7 000 personnes sur plusieurs jours, l’édition 2024 ne durera qu’une demi-journée, avec environ 2 000 participants. Cette baisse de fréquentation est le reflet des tensions internes et des défis que doit affronter Zemmour pour continuer à exister dans le paysage politique français.
Le parti, déjà marginalisé sur la scène politique nationale, mise désormais sur des actions plus ciblées. L’initiative « Parents vigilants », un réseau de parents d’élèves promouvant les idées de Zemmour au sein des établissements scolaires, sera l’une des priorités de cette rentrée. Ce projet souligne la volonté de Reconquête de peser davantage sur les enjeux sociétaux, alors même que son influence sur les débats politiques nationaux semble s’éroder.
Enfin, Zemmour lui-même, dans une récente interview, a souligné l’importance d’une « révolution antipolitique » en France, remettant en cause l’ensemble du système politique actuel. Ce positionnement radical et anti-establishment pourrait toutefois isoler davantage le parti, déjà critiqué pour ses attaques répétées contre le RN et Marine Le Pen, et qui peine à s’allier avec d’autres formations politiques de droite.
En conclusion, la rentrée politique d’Éric Zemmour à Orange marque un tournant pour Reconquête, un parti en quête de renouveau mais confronté à une fragmentation de son électorat et de ses cadres. Reste à savoir si Zemmour parviendra à redonner de l’élan à sa formation et à maintenir sa place sur l’échiquier politique français.