Après avoir plutôt sombré dans l’oubli après leur violente rupture avec la camp de Marion Maréchal, le duo Knafo-Zemmour refait surface sous la plume de Diane Ouvry.
Cette dernière est l’attachée de presse d’Eric Zemmour et Sarah Knafo, responsable de la communication mailing aux adhérents sur les actualités du parti.
Dans un livre-document de 58 pages intitulé « LA VÉRITÉ SUR L’AFFAIRE MARION MARÉCHAL », elle lève le voile sur la déchirure interne de Reconquête.
« Nous étions entièrement pris par l’actualité politique et l’espoir qui se levait, mais maintenant que les élections sont passées, il est temps de répondre à vos demandes d’explication, avant de tourner la page. » commence l’ouvrage.
Présentant sa version des faits comme l’unique vérité, elle entend bien en finir avec leur rivale blonde et mettre à l’honneur son amie et mentor Sarah Knafo.
« Il faut faire ici le récit le plus fidèle possible d’une bien étrange trahison. C’est une histoire qui mêle la politique, la confiance, la déloyauté, l’opportunisme, le mépris, et, à la fin, la chute d’une femme qu’autrefois chacun s’accordait à trouver très prometteuse. C’est, pour Reconquête, l’histoire d’une longue et douloureuse libération. C’est l’histoire de Marion Maréchal. »
Le livre se veut une révélation sur les escroqueries de celle qui fut leur ralliement, leur prise de guerre, leur tête de liste et la seule à permettre une victoire électorale pour le parti aux dernières européennes.
« Évincer Éric Zemmour »
Marion Maréchal en prend pour son grade. Elle est dépeinte comme une « politicienne intéressée », adepte des « petits calculs » et voulant dès 2022 « effacer le rôle central d’Éric Zemmour par le sien ».
Pour la compagne d’Éric Zemmour, aucun doute, cette lepéniste veut lui faire de l’ombre : « L’ennemie prioritaire – la cible vivante – est désignée : ce sera Sarah Knafo ».
« Ruiner le parti »
Pour décrédibiliser leur ancienne alliée, Diane Ouvry et Reconquête mettent en avant ses dépenses sensiblement faramineuses, car il faut entretenir le mythe livré avec l’aide des médias aux adhérents : Marion Maréchal est partie en vidant les caisses !
Or, des 4 millions d’euros du budget campagne pour les européennes, pas un centime n’aura coûté à Reconquête puisque leur liste aux européennes a dépassé la barre fatidique des 3% nécessaires au remboursement des dépenses électorales par l’État.
Les entreprises employées pour son travail, celles de Thibaut Monnier et Agnès Marion, ses bras droits, sont pourtant prises pour cible. Mais également l’embauche de Philippe Vardon et Philippe Schleiter :
« Marion exige encore que son proche et témoin de mariage, Philippe Vardon, soit propulsé directeur de campagne. Vous ne le connaissez pas, mais Philippe Vardon est un ancien du RN qui avait demandé à être embauché par Reconquête au moment des législatives de 2022. Il avait fait passer son ralliement à Reconquête pour un choix de convictions, lui aussi. Nous découvrirons bien plus tard qu’il avait supplié le RN de lui donner une investiture aux législatives de 2022 à Nice et que le RN la lui avait refusée. »
Dans ce passage par exemple, tout donne à croire l’opportunisme de Philippe Vardon. Une diffamation pour ce ralliement niçois de poids qui était bel et bien investi par le RN en 2022 dans la 3e circonscription des Alpes-Maritimes, avant de de bénéficier du soutien de Reconquête pour une candidature unique et permettre l’union des droites tant attendue, avec une suppléante issue du camp zemmouriste. Par ailleurs, Philippe Vardon était directeur de la communication de la campagne de Jordan Bardella lors des européennes de 2019, et œuvrait déjà dans celle des présidentielles en 2017. Sa « propulsion » comme directeur de campagne en 2024 n’a donc rien de bien surprenant.
Pour Philippe Schleiter, la version des faits va plus loin encore :
« Septembre 2023, Marion vient d’être désignée [tête de liste aux européennes] et elle demande à un autre de ses proches, Philippe Schleiter de s’emparer de l’animation des fédérations pour le temps de la campagne. Lui non plus, vous ne le connaissez pas. »
Pourtant, dès janvier 2022, Philippe Schleiter est à la tête des investitures pour les législatives. Le parti Reconquête le connaît bien, il travaillait alors comme bénévole pour envoyer les 577 candidats sur le terrain, souvent au casse-pipe.
« Un putsch, prémédité, de longue date par pur opportunisme politicien »
Guillaume Peltier n’est pas en reste dans ce plaidoyer anti-Marion. Taclé lui aussi d’opportuniste, il est accusé de vouloir « détruire Reconquête de l’intérieur », dès le lendemain des présidentielles. La conférence de presse du mercredi 12 juin qui suit la dissolution de l’Assemblée, est selon Diane Ouvry « la dernière image qu’ils [Peltier-Maréchal-Trochu-Bay] laisseront d’eux dans cette folle période : l’image de traîtres. L’image de politiciens tellement banals, aussi sournois que tous les autres, aussi carriéristes que leurs semblables de droite comme de gauche. L’image de ceux qui étaient allés à la soupe quand Zemmour était à la mode, et qui s’en vont au RN quand Bardella est à la mode. Bref, les politiciens. Les politiciens tels qu’ils dégoûtent le peuple. Mais attention mesdames et messieurs, tout cela au nom de l’union des droites ! »
S’il y a sûrement du vrai des deux côtés, que le manichéisme n’est pas permis en politique, que ni le clan Zemmour-Knafo, ni le clan Marion Maréchal n’est tout blanc ou tout noir, l’entourage de cette dernière a un droit de réponse et crie à la diffamation. Si Diane Ouvry estime que « rien n’est imprécis et encore moins romancé » dans son feuilleton d’une soixantaine de pages, d’autres réfutent le procès qui leur est intenté.
Peut-être publieront-ils eux aussi un livre sur cet épisode de leur histoire politique, mais après avoir essuyé des off dans la presse, une exclusion en direct d’un plateau de télévision et une tentative d’invalidation de leur comptes de campagne pour les européennes, ils préfèreront sûrement mettre la rancoeur de côté pour aller de l’avant dans l’intérêt des Français.