Les aspirations professionnelles des plus jeunes évoluent avec leur époque. Oubliez les vocations traditionnelles d’archéologues, pompiers ou médecins : aujourd’hui, les enfants nés après 2010 rêvent d’une carrière sur YouTube ou TikTok. Pour eux, devenir créateur de contenu représente bien plus qu’un simple passe-temps : c’est une véritable ambition professionnelle, influencée par les figures emblématiques du web et les opportunités qu’offrent les plateformes numériques.
Si les footballeurs ou les chanteurs populaires continuent de faire rêver les jeunes, ils ne déclenchent pas nécessairement de vocation. En revanche, des noms comme Squeezie, Inoxtag ou Léna Mahfouf résonnent immédiatement dans l’imaginaire des adolescents et préadolescents. Ces stars du numérique incarnent une réussite accessible, un mode de vie où passion et rémunération ne font qu’un. Une étude menée par la plateforme Whop, spécialisée dans le développement en ligne des créateurs de contenu, a interrogé 910 enfants américains de 12 à 15 ans. Résultat : près d’un tiers d’entre eux ambitionnent de devenir youtubeurs, tandis qu’un sur cinq préférerait se consacrer à la création vidéo sur TikTok. Mais l’influence du digital ne s’arrête pas là. L’étude révèle également que 19,1 % des jeunes interrogés se voient travailler dans le développement d’applications mobiles ou de jeux vidéo, attirés par un univers qu’ils maîtrisent déjà en tant qu’utilisateurs. Selon Cameron Zoub, cofondateur de Whop, cette tendance n’a rien de surprenant : « Tout le monde veut devenir créateur de contenu, surtout les enfants qui ont grandi en ligne. Ils voient les opportunités de gagner de l’argent, de fédérer une communauté et de se bâtir une audience. »
Contrairement à d’autres métiers qui nécessitent des diplômes ou des années d’expérience, la création de contenu paraît à portée de main. Un smartphone et une connexion internet suffisent pour démarrer, rendant cette carrière bien plus attrayante que des professions perçues comme plus contraignantes. L’essor de l’entrepreneuriat chez la génération Alpha va dans le même sens : plus d’un enfant sur six aspire à créer sa propre entreprise. Certains gagnent déjà leurs premiers revenus en ligne, en exploitant leur créativité et leur maîtrise des codes numériques. L’engouement pour ces nouveaux métiers est renforcé par les discours omniprésents sur les réseaux sociaux, qui valorisent l’indépendance financière et la possibilité de monétiser une passion. Les jeunes sont exposés à une multitude d’influenceurs qui partagent des conseils pour réussir en ligne, faisant miroiter un succès rapide et lucratif.
Si le métier de créateur de contenu fait rêver, il n’en demeure pas moins exigeant. La concurrence est rude, les algorithmes des plateformes évoluent sans cesse, et la pression pour générer du contenu engageant peut être intense. Pour autant, les chiffres sont éloquents : des youtubeurs aux audiences modestes, comptant entre 50 000 et 100 000 abonnés, parviennent à décrocher des contrats de sponsoring leur rapportant entre 500 et 5 000 euros par publication. Un revenu considérable pour des adolescents qui, hier encore, envisageaient une carrière de professeur ou d’ingénieur. L’attrait pour ce métier est donc fort et devrait continuer de croître avec les générations à venir. Reste à voir comment le marché du numérique évoluera et si ces vocations pourront réellement se transformer en carrières durables.