“Queer” : Luca Guadagnino signe un voyage oscillant entre désir et solitude avec Daniel Craig

“Queer” : Luca Guadagnino signe un voyage oscillant entre désir et solitude avec Daniel Craig

Avec Queer, en salles le 26 février 2025, Luca Guadagnino adapte le roman de William S. Burroughs et plonge Daniel Craig dans un Mexique moite et interlope des années 50. Entre errance existentielle, quête de désir et expérimentation hallucinée, le film se veut une réflexion poétique sur la solitude et l’obsession amoureuse. Une œuvre troublante et audacieuse, qui divise autant qu’elle fascine.

Dès les premières scènes, Queer installe un climat étouffant. Lee (Daniel Craig), un Américain en exil à Mexico, noie son ennui dans l’alcool et la drogue, errant de bars en ruelles à la recherche d’une passion éphémère. Lorsqu’il croise Eugene Allerton (Drew Starkey), un jeune homme aussi séduisant que distant, il s’engouffre dans une obsession amoureuse qui vire peu à peu à la destruction. Guadagnino capte avec minutie ce jeu de séduction toxique, porté par une esthétique soignée, où la chaleur accablante du Mexique semble refléter les tourments intérieurs des personnages.

Si la mise en scène est d’une élégance indéniable, le film peine parfois à trouver son rythme. La première partie, lente et contemplative, expose la relation ambiguë entre Lee et Allerton, sans jamais vraiment l’approfondir. La seconde, plus immersive, suit leur périple dans la jungle à la recherche d’un hallucinogène mystique, basculant dans une expérimentation sensorielle presque abstraite. C’est ici que le film touche à sa véritable essence, explorant la dissolution de l’identité et du désir dans un final hypnotique.

Daniel Craig livre une performance saisissante, loin de son image de James Bond. Émacié, hagard, il habite son personnage avec une vulnérabilité rare, révélant un homme brisé, consumé par un amour à sens unique. Face à lui, Drew Starkey incarne avec subtilité un Allerton insaisissable, à la fois magnétique et fuyant.

Avec Queer, Luca Guadagnino continue d’explorer les thèmes qui lui sont chers – la passion, la métamorphose, l’abandon de soi. Mais là où Call Me By Your Name célébrait l’amour naissant, ce film s’aventure sur un terrain plus sombre et torturé, évoquant la perte et le désespoir. Si l’on peut regretter un certain hermétisme narratif, Queer reste une œuvre fascinante, portée par une mise en scène hypnotique et un Daniel Craig méconnaissable. Un film qui ne plaira pas à tous, mais qui hantera longtemps ceux qui s’y laisseront emporter.

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