Que retenir du 20h de Michel Barnier : impôts des plus fortunés, réforme des retraites et santé mentale au programme

23 septembre, 2024 / Entrevue

Le Premier ministre Michel Barnier s’est exprimé pour la première fois depuis l’annonce de son nouveau gouvernement lors du journal télévisé de 20 heures sur France 2, ce dimanche 22 septembre. Il a présenté sa vision et les grandes lignes de sa politique, qui s’articule autour de la justice fiscale, des réformes sociales et de la cohésion gouvernementale. Si Barnier se veut rassurant sur plusieurs points, certaines de ses déclarations suscitent déjà des réactions contrastées, notamment sur la question des impôts et de l’immigration.

Une hausse d’impôts pour les plus riches et les multinationales envisagée

Face à la dette publique qui atteint 3 000 milliards d’euros et des intérêts annuels de 50 milliards, Michel Barnier a insisté sur la nécessité de maîtriser les finances publiques. S’il s’est engagé à ne pas alourdir la fiscalité pour « les plus modestes, les gens qui travaillent, et les classes moyennes », il n’a pas exclu une contribution plus importante des « personnes les plus fortunées » ainsi que des grandes entreprises, en particulier les multinationales.

« Dans l’effort national, les multinationales peuvent contribuer », a précisé Barnier, soulignant que l’objectif est de « faire parfois mieux avec moins d’argent public ». Il a également évoqué l’idée de demander au gouvernement de « réfléchir à cet effort de solidarité auquel les plus riches doivent prendre leur part ». Cette déclaration s’inscrit dans un cadre de justice fiscale, une condition avancée par certains partis de gauche, comme le PS, pour éventuellement soutenir certaines mesures gouvernementales.

Des lois sociétales « intégralement préservées »

Interpellé sur les sujets sociétaux par Gabriel Attal, Barnier a affirmé que les acquis sociaux, tels que l’IVG, le mariage pour tous ou encore les droits LGBT, ne seraient pas remis en question sous son mandat. « Les grandes lois de progrès social ou sociétal seront intégralement préservées », a-t-il déclaré, précisant qu’il serait « un rempart » contre toute remise en cause de ces droits fondamentaux.

Cette prise de position vise à rassurer une partie de la population inquiète de l’entrée au gouvernement de plusieurs personnalités conservatrices, mais aussi à désamorcer les critiques venues de la gauche, qui voit en ces nominations un potentiel recul sur les libertés individuelles.

Immigration et rigueur : une ligne stricte

Sur la question de l’immigration, Barnier a adopté un ton ferme. « Il n’y a pas de tabou ni de totem », a-t-il indiqué, laissant entrevoir des mesures plus strictes pour « maîtriser et limiter une immigration qui devient souvent insupportable ». Il a cependant tenu à préciser que ces politiques seront menées avec « humanité », en bonne coordination avec les voisins européens.

Barnier a également abordé la lutte contre la fraude fiscale et sociale, un autre dossier prioritaire pour son gouvernement. Selon lui, ces mesures doivent contribuer au redressement économique tout en renforçant la crédibilité de la France sur les marchés financiers internationaux.

Santé mentale : la grande cause nationale de 2025

Lors de son intervention, Michel Barnier a désigné la santé mentale comme la « grande cause nationale » pour 2025. Soulignant la crise sévère que traverse la psychiatrie en France, il a rappelé que de nombreux postes de praticiens sont vacants et que le nombre de lits diminue, alors que les besoins des patients ont doublé ces vingt dernières années.

Le Premier ministre a affirmé que cette cause sera au cœur des priorités de son gouvernement, avec un accent particulier sur le renforcement des capacités du système de santé mentale.

Réforme des retraites : ouverture au dialogue

Michel Barnier s’est également prononcé sur la réforme des retraites, affirmant vouloir « prendre le temps d’améliorer » cette loi controversée. Bien qu’il ne prévoie pas de revenir sur les grandes lignes financières de la réforme, il a exprimé sa volonté de faire confiance aux partenaires sociaux pour proposer des ajustements. « J’ai toujours pensé que le temps passé à écouter et dialoguer n’est jamais du temps perdu », a-t-il conclu, insistant sur l’importance du compromis pour avancer.

Cohésion et compromis

Au-delà des grandes annonces, Barnier a appelé à la cohésion et à la fraternité au sein de son gouvernement. « Je veux créer une ambiance avec l’équipe gouvernementale qui permette à toutes les énergies de s’exprimer », a-t-il déclaré. Il a également assuré qu’il n’y aurait pas de « polémique » avec Emmanuel Macron, insistant sur la nécessité d’un « compromis dynamique » entre le président et son gouvernement.

Les premières critiques n’ont pas tardé à se faire entendre, notamment de la part de l’opposition de gauche et du Rassemblement national, qui voient dans ce gouvernement un fragile équilibre entre les macronistes et la droite. Michel Barnier devra donc manœuvrer habilement pour préserver l’unité de son équipe et faire passer les réformes annoncées.

Avec cette première intervention télévisée, Michel Barnier a posé les jalons de son action à Matignon. Les prochains jours seront décisifs pour confirmer cette ligne et mettre en œuvre les premières mesures de son mandat.