Quatre ans après l’attentat : les anciens collègues de Samuel Paty expriment leurs regrets

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Ce mercredi 13 novembre, lors du procès de l’assassinat de Samuel Paty, plusieurs de ses anciens collègues sont venus témoigner. Ils ont partagé leurs souvenirs et leurs regrets dans une salle d’audience plongée dans une atmosphère empreinte de gravité. Des remords, des incompréhensions et des excuses non formulées s’entremêlent alors qu’ils se remémorent les jours qui ont précédé le drame.

Des regrets exprimés pour la première fois

Parmi les témoins, un ancien professeur d’histoire-géographie, a raconté pour la première fois pourquoi il s’était désolidarisé de Samuel Paty, à cause du choix de ce dernier de permettre aux élèves de quitter la classe pendant une leçon sur la liberté d’expression, pour laquelle il avait montré des caricatures de Charlie Hebdo. Se souvenant de ses propres mots, il admet aujourd’hui regretter d’avoir utilisé le terme « désolidariser » et exprime ses remords : « Si Samuel était là, je lui demanderais pardon d’avoir été si dur. » S’il maintient ses réserves quant à la méthode, il concède aujourd’hui avoir été « fermé au dialogue ».

D’autres collègues, qui avaient pourtant proposé leur soutien à Samuel Paty, ont révélé l’atmosphère de peur qui s’est installée dans le collège du Bois d’Aulne. Un enseignant raconte comment, dès que les menaces physiques ont été connues, certains professeurs ont organisé des accompagnements pour raccompagner Samuel Paty chez lui. La crainte d’une attaque imminente a poussé plusieurs d’entre eux à fermer leur salle de classe à clé ou à abandonner leurs talons pour des chaussures de course, au cas où il leur faudrait s’enfuir rapidement.

Une communauté enseignante divisée et marquée par la peur

Un autre collègue du professeur assassiné, a confié comment l’inquiétude a gagné le collège alors que la polémique autour du cours de Samuel Paty enflait sur les réseaux sociaux. Au fil des jours, les enseignants, pris entre le devoir de solidarité et la crainte des représailles, ont vu se creuser un fossé parmi eux. Tandis que la majorité d’entre eux se rassemblaient pour soutenir Samuel Paty, deux enseignants ont exprimé leur désaccord par des e-mails.

Les tensions montent lorsque Brahim Chnina, père d’une élève qui a accusé faussement Samuel Paty de discrimination, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, se présentent à la principale du collège pour demander le renvoi de l’enseignant. Peu après, des vidéos menaçantes circulent en ligne, mentionnant le nom de Samuel Paty, et créent un climat d’insécurité.

Une « fatwa » et des vies bouleversées

L’ancienne principale du collège a décrit l’escalade qui a suivi. Elle a partagé la lourde culpabilité qui la ronge aujourd’hui, regrettant de ne pas avoir réussi à protéger Samuel Paty. Pour elle, cet acte de décapitation relève d’une « fatwa », comme celles lancées contre Salman Rushdie, exprimant ainsi la violence symbolique de l’attaque.

Pour certains collègues, l’après-attentat fut trop lourd à porter. Un professeur a avoué avoir quitté l’enseignement après avoir entendu un élève menacer un camarade en promettant de lui « faire une Samuel Paty ». Ce jour-là, il réalise qu’il ne pourrait plus se contrôler devant ses élèves et décide d’abandonner son métier.

Quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty, ce procès met en lumière non seulement l’horreur de l’attentat, mais aussi les divisions, les peurs et les regrets des collègues. Certains ont continué leur parcours, d’autres ont changé de vie, mais tous sont marqués par cette tragédie qui, d’une simple polémique sur un cours, s’est transformée en un acte de barbarie.

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