Quand la techno unit : un DJ iranien joue un morceau israélien à Téhéran

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Dans un contexte de tensions accrues entre l’Iran et Israël, une initiative audacieuse de la scène techno underground iranienne illustre la puissance de la musique pour transcender les clivages politiques. Lors d’une rave clandestine à Téhéran, Ali Pink, figure de proue de la musique électronique iranienne, a créé la surprise en diffusant « Vibrations », un titre du DJ israélien Martin Magal.

Sur son compte Instagram, Ali Pink a expliqué son geste : « La musique connecte les gens. Pendant des années, la République islamique nous a conditionnés à voir Israël et son peuple comme des criminels. Mais grâce à la musique, j’ai découvert l’artiste derrière ce morceau, quelqu’un de talentueux et généreux, qui est aujourd’hui un de mes amis proches. »

Martin Magal, de son côté, a salué cette démarche : « Tu es la voix forte et claire du peuple iranien, qui aspire à la liberté et au bonheur. Continue à te battre pour le droit de vivre et de danser. » Le DJ israélien a également participé à cette collaboration en enregistrant un set pour la radio en ligne de Techno Tehran Records, le label fondé par Ali Pink.

Cette initiative n’est pas sans risques pour Ali Pink. En novembre 2023, il avait déjà été arrêté par les autorités iraniennes, accusé de promouvoir une musique contraire aux valeurs et aux lois de la République islamique. Libéré sous caution après avoir versé 10 000 dollars, il reste sous la menace de poursuites judiciaires.

Malgré ces obstacles, cette collaboration inattendue entre deux artistes de pays officiellement ennemis met en lumière le pouvoir unificateur de la musique électronique. Dans une région marquée par des conflits, la scène techno de Téhéran incarne une forme de résistance culturelle, ouvrant un dialogue artistique au-delà des frontières politiques.

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