Publicité pour le livre de Jordan Bardella dans les gares : les syndicats montent au créneau

23 octobre, 2024 / Entrevue

La sortie prochaine du livre de Jordan Bardella, Ce que je cherche, continue de provoquer des réactions vives. En plus du départ de plusieurs employés de la maison d’édition Fayard, qui publie l’ouvrage, une nouvelle controverse a émergé autour d’une campagne publicitaire massive dans les gares SNCF et RATP. Les syndicats CGT Cheminots et Sud Rail ont exprimé leur désaccord, dénonçant ce qu’ils considèrent comme une promotion d’un parti politique d’extrême droite, en contradiction avec le principe de neutralité qui doit prévaloir dans les espaces publics.

Cette campagne prévoit l’affichage de plus de 600 panneaux publicitaires dans 56 gares en France, ainsi que dans 54 stations de RER en Île-de-France, dès novembre. Pour les syndicats, il est inacceptable que la SNCF participe, même indirectement, à la promotion du président du Rassemblement national (RN). Sud Rail, par exemple, a souligné dans un communiqué que l’histoire du RN, fondé par des membres des Waffen-SS, rend cette publicité inadmissible dans des lieux publics.

Cependant, la situation n’est pas sans nuances. Selon la législation sur la propriété intellectuelle, la campagne ne contrevient pas nécessairement à la neutralité politique, étant donné que le livre en question est une autobiographie qui n’est pas formellement liée au Rassemblement national. Elle soutient qu’un homme politique a le droit de promouvoir ses écrits, et que la publicité ne viole pas de principes légaux tant qu’elle ne contient pas d’appel explicite à la haine ou à la violence.

La SNCF, par l’intermédiaire de sa régie publicitaire MediaTransports, n’a pas encore pris de décision définitive. Toutefois, MediaTransports a assuré que les visuels seront examinés avant d’être exposés, en particulier pour s’assurer qu’ils respectent les obligations de neutralité.

Pour l’instant, les syndicats menacent de couvrir les affiches s’ils ne parviennent pas à faire annuler la campagne, un conflit qui rappelle un précédent avec l’humoriste Waly Dia dont une campagne publicitaire avait été retirée en raison de son caractère jugé trop politique.

Cette affaire soulève une question fondamentale : dans quelle mesure les entreprises publiques, comme la SNCF, doivent-elles respecter des règles strictes de neutralité, même pour des publicités non directement rattachées à une activité politique partisane ? Il faudra attendre les prochaines décisions de la SNCF pour savoir si cette campagne sera maintenue.