Projet d’attentat islamiste déjoué à Poitiers et Levallois-Perret : on vous explique tout

Entrevue 1

Trois jeunes hommes radicalisés ont été arrêtés à Nîmes et Nantes, puis mis en examen pour avoir préparé un projet d’attentat islamiste. Parmi leurs cibles potentielles : la mairie de Poitiers, choisie pour sa portée symbolique, et le siège de la DGSI. Grâce à la surveillance des réseaux sociaux et des messageries cryptées, les forces de l’ordre ont pu intervenir avant que leurs plans ne se concrétisent. Retour sur cette opération antiterroriste.

Qui sont les suspects ?

Les trois individus interpellés sont âgés de 19 et 20 ans. Ils ont été arrêtés à Nîmes (Gard) et Nantes (Loire-Atlantique), mardi 3 et mercredi 4 décembre, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 20 novembre. Ces jeunes hommes, originaires de ces deux villes, sont tous étudiants :

  • Un étudiant en informatique, qui est également le fils d’un imam aumônier travaillant en milieu carcéral.
  • Un étudiant en chimie, dont les connaissances ont pu faciliter les tentatives de fabrication d’explosifs.
  • Un étudiant en psychologie.

Radicalisés autour d’idéologies djihadistes, les suspects échangeaient sur des messageries cryptées et les réseaux sociaux. Ils s’étaient également rencontrés physiquement, au moins à deux reprises, pour tenter de concevoir des engins explosifs.

Selon le Parquet national antiterroriste (PNAT), les trois hommes sont poursuivis pour :

  • Association de malfaiteurs terroriste criminelle,
  • Fabrication non autorisée d’engins explosifs,
  • Détention et transport de substances ou produits incendiaires ou explosifs.

Les enquêteurs ont découvert que les suspects avaient tenté de manipuler du TATP, un explosif artisanal prisé par les groupes terroristes comme Daesh. Ils avaient également commandé des composants nécessaires à la fabrication d’engins incendiaires, dont certains devaient être récupérés avant leur arrestation.

Pourquoi Poitiers et la DGSI comme cibles ?

Les conversations interceptées sur leurs messageries chiffrées révèlent que les suspects avaient évoqué plusieurs cibles symboliques :

La mairie de Poitiers : choisie pour sa valeur historique, en référence à la bataille de Poitiers de 732, où Charles Martel avait repoussé les troupes arabo-berbères. Une symbolique forte pour ces jeunes radicalisés.

Le siège de la DGSI à Levallois-Perret : un lieu hautement stratégique et emblématique des services de renseignement français.

Les enquêteurs précisent toutefois que ces cibles étaient évoquées sans qu’aucun plan précis ne semble encore finalisé.

C’est en surveillant les échanges suspects sur des plateformes cryptées que les services de renseignement ont détecté ce projet. Alertés par des conversations « inquiétantes » où les suspects faisaient référence à des organisations djihadistes et à la fabrication d’explosifs, les enquêteurs ont pu intervenir avant que les plans ne se concrétisent.

Un risque toujours présent

La maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’huy, a exprimé sa confiance dans les forces de l’ordre et la justice. Elle a également rappelé que Poitiers reste un modèle de coexistence apaisée et de dialogue entre les cultures.

De son côté, le PNAT souligne que cette affaire illustre la persistance de la menace djihadiste en France. En novembre dernier, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait indiqué que 43 attentats avaient été déjoués en cinq ans.

Avec 80 % des affaires traitées par le PNAT en lien avec le djihadisme, la menace terroriste demeure élevée en France. Cet épisode vient s’ajouter à une série de projets violents récemment identifiés, notamment durant les Jeux olympiques, où des attaques similaires avaient été déjouées. La vigilance des services de renseignement a une nouvelle fois permis d’éviter le pire.

Avatar photo

Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

Thumbnail