Mercredi soir, Aymeric Caron, député apparenté La France Insoumise (LFI), a projeté à l’Assemblée nationale un documentaire qu’il a réalisé sur les souffrances des habitants de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Le film, élaboré avec l’aide de ses collaborateurs parlementaires, d’un monteur et d’une documentaliste, n’a attiré qu’une quinzaine des 576 députés invités. Face à cette faible affluence, Caron a critiqué l’Assemblée nationale, la qualifiant de « l’une des plus honteuses d’Europe » et l’accusant de « boycott ». Selon lui, cette absence massive révèle un soutien pro-israélien des parlementaires, en particulier envers les politiques de Benjamin Netanyahou.
Le documentaire présente une succession d’images choquantes : des enfants mutilés, des cadavres sous la poussière et des paysages de ruines. Aymeric Caron qui est journaliste de formation a insisté sur le fait qu’il avait pris soin de vérifier l’origine de chacune des images pour s’assurer qu’elles ne provenaient pas de sources liées au Hamas. « Ce n’est pas un film de propagande », a-t-il affirmé, tout en reconnaissant une inévitable « part de subjectivité ». Le député a expliqué que les 55 sources de son montage étaient principalement des journalistes locaux, des photographes, des réalisateurs, et, plus marginalement, des soignants ou des habitants de Gaza.
Seule une quinzaine de députés a répondu à l’appel : huit députés LFI, trois du Modem, deux du Rassemblement National (RN), une députée de Renaissance, une autre écologiste et un socialiste. Caron a indiqué que des figures de La France Insoumise comme Jean-Luc Mélenchon, Rima Hassan ou Manon Aubry n’avaient ni visionné le documentaire ni demandé à le voir, laissant libre cours aux interprétations sur leur engagement réel envers la cause palestinienne.
L’événement visait, selon Caron, à « pallier le manque d’images diffusées par les médias mainstream depuis sept mois ». Il a accusé ces médias de « minimiser l’atrocité des crimes commis », voire de « cacher la réalité des souffrances des Palestiniens », en raison d’une « réticence délibérément choisie ». Cette initiative faisait écho à une projection précédente, le 14 novembre, dans la même salle, montrant les attaques terroristes du Hamas en Israël le 7 octobre. Aymeric Caron, qui avait assisté à cette première projection, a précisé que son documentaire n’était pas une réponse directe à celle-ci, mais visait à combler ce qu’il considère comme un manque de reconnaissance des souffrances des Gazaouis.
Julien Odoul, député RN, a critiqué le film pour son manque de contextualisation. « On ne parle pas de ce qui s’est passé le 7 octobre et on ne fait pas mention du Hamas », a-t-il déclaré. « L’État d’Israël et l’armée israélienne sont présentés comme monstrueux, des entités qui veulent délibérément s’en prendre à des civils, ce qui est évidemment un mensonge. » Odoul a également souligné le faible nombre de députés LFI présents à la projection, se demandant pourquoi les collègues de Caron ne s’étaient pas davantage mobilisés.
Malgré les critiques et la faible participation, Aymeric Caron reste déterminé à diffuser son documentaire au-delà des murs de l’Assemblée nationale. Il réfléchit à d’autres moyens pour rendre visible la réalité des souffrances des Palestiniens au grand public. Le député espère ainsi sensibiliser davantage de personnes à ce qu’il considère comme une réalité trop souvent ignorée ou minimisée par les médias traditionnels.