Procès Samuel Paty: seul contre tous, le courageux discours de l’imam Hassen Chalghoumi contre Abdelhakim Sefrioui, l’un des accusés

29 novembre, 2024 / Jerome Goulon

C’était l’un de moments forts du procès de l’assassinat de Samuel Paty : l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi a témoigné à la barre contre l’un des principaux accusés de l’assassinat de Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui. Ce dernier est jugé pour avoir entrepris une campagne de haine contre le professeur.

Hassen Chalghoumi, qui a été le seul à défendre Samuel Paty -de nombreux témoins s’étant rétractés par peur des représailles- a affirmé qu’Abdelhakim Sefrioui avait utilisé contre Samuel Paty les mêmes méthodes que celles utilisées contre lui, rappelant que sa tête était mise à prix à cause de Sefrioui.

Selon Hassen Chalghoumi, Samuel Paty a été assassiné à cause du discours de haine de Sefrioui contre le professeur. L’imam de Drancy a expliqué que Sefrioui manipulait les jeunes et leur lavait le cerveau afin de les pousser à commettre le pire, comme il nous l’expliquait dans une interview exclusive que nous avions publiée le 4 novembre dernier.

Dans son discours, aussi poignant que courageux, Hassen Chalghoumi a ainsi déclaré :

« J’ai commencé à être imam à Drancy en 2004. Mon rôle, c’était de conduire le culte. J’avais aussi un rôle social, aider les gens dans les moment durs, faire des conciliations… Je m’occupe aussi du dialogue interreligieux. On avait à Drancy « la bande d’Abraham », avec le rabbin et le prêtre. On faisait un travail mémorial important, car Drancy n’est pas une ville comme une autre : 70 000 juifs ont été déportés à Drancy.

Et tous les jours, sur le chemin entre ma maison et la mosquée, je passe devant le wagon de Drancy. J’avais donc un lien fort avec la communauté juive de Drancy. J’avais aussi un rôle de père de famille de cinq enfants. J’allais chercher mon fils à l’école, ma fille à la piscine. J’aimais aller au théâtre, au restaurant, au cinéma avec ma femme.

Ça, c’était toute ma vie avant 2009, 2010, Monsieur le Président. Et puis, Abdelhakim Sefrioui est entré dans ma vie. Je m’étais positionné contre le port du voile intégral. Il est venu devant la mosquée avec son collectif, tous les vendredis pendant six mois, en me traitant d’imam des juifs. Vous savez qui est Cheikh Yassine, le nom de son collectif ? Le chef spirituel du Hamas qui a tué 270 Palestiniens du Fatah, avant de tuer des Israéliens. Il me traitait de vendu, de sioniste. Et dans la bouche d’un islamiste, c’est un appel au meurtre. Al Jazeera a utilisé ses vidéos contre moi. Ils ont réclamé ma tête, celle de ma femme. J’ai été obligé d’envoyer mes enfants à 10 heures d’avion.

Cet homme dans le box a changé ma vie. Il y a deux choses dans l’islamisme : la cause et le cri. Il s’occupe du cri, il prépare le terrain. Il manipule et gangrène le cerveau. Et je remercie la République, car si elle ne m’avait pas protégé, je ne serais pas devant vous. Le gourou ne passe jamais à l’acte. Regardez la fatwa de l’ayatollah Khomeini pour assassiner Salman Rushdie en 1989. C’est un jeune de 24 ans, en 2023, qui s’en est pris à Salman Rushdie.

Abdelhakim Sefrioui est très précautionneux quand il parle en français, mais très violent quand il parle en arabe. En arabe, contre moi, il disait des choses comme : « Il va mourir avec le sang des Musulmans. » Et il agrémente ses paroles de versets coraniques du type : « C’est notre devoir ». C’est la stratégie des islamistes, des Frères musulmans : un discours victimaire sur la discrimination, puis un appel à défendre l’honneur des musulmans.

Abdelhakim Sefrioui a usé de la même logique exactement, et des mêmes termes contre moi et contre Samuel Paty. Nous étions des « voyous ». Les anachids, les chants arabes, sont là pour attirer la jeunesse. À cause de cet homme, je ne peux plus prendre un café en terrasse. À cause de lui, ma tête est mise à prix.

Ma vie est finie depuis que Sefrioui est entré dans ma vie. Je suis le seul imam au monde qui prêche en gilet pare balles. Sans cet individu, Samuel Paty serait encore dans sa classe !

Je prends l’engagement moral de vous dire ici que vous devez tout faire pour mettre à l’abri notre jeunesse de Abdelhakim Sefrioui, qui est l’homme le plus dangereux de France. Sinon, il y aura d’autres professeurs morts, d’autres Mohammed Merah, d’autres Kouachi, d’autres Nice. C’est une victime qui vous le dit ! »