Procès RN : Marine Le Pen face à une plaidoirie décisive pour éviter l’inéligibilité

27 novembre, 2024 / Entrevue

La dernière ligne droite du procès du Rassemblement National (RN) s’ouvre ce mercredi avec la plaidoirie de l’avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut. L’enjeu est crucial pour la cheffe de file du Rassemblement national : éviter une condamnation qui pourrait signifier sa « mort politique », notamment avec une peine d’inéligibilité immédiate réclamée par le parquet.

Un procès à enjeu politique majeur

Jugée avec 24 autres prévenus, ainsi que son parti en tant que personne morale, Marine Le Pen est accusée de détournement de fonds publics européens. Selon l’accusation, des assistants parlementaires du RN auraient été rémunérés sur des fonds européens pour des missions fictives entre 2004 et 2016, entraînant un préjudice estimé à 4,5 millions d’euros par le Parlement européen.

Le parquet a requis une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme aménageables, une amende de 300 000 euros et surtout une interdiction d’exercer tout mandat électif pendant cinq ans, exécutoire immédiatement. Une sanction qui empêcherait Marine Le Pen de se présenter à la présidentielle de 2027, une perspective qui a pris de court son camp et alimenté la polémique.

Marine Le Pen, qui s’était montrée « très sereine » au début des audiences le 30 septembre, a vivement dénoncé les réquisitions du parquet, les qualifiant d’ »outrancières » et de « violentes ». Selon elle, le ministère public viserait à priver les électeurs de leur liberté de choix et à « ruiner » le RN, contre lequel une amende de 4 millions d’euros a été demandée.

« Ce sont des peines asphyxiantes, éliminatoires », a martelé Me David Dassa Le Deist, avocat du RN, lors de sa plaidoirie mardi. Il a critiqué une démarche qu’il juge plus politique que judiciaire, accusant le parquet de « piétiner la séparation des pouvoirs ».

Une défense qui joue son va-tout

Ce mercredi, Rodolphe Bosselut tentera à son tour de convaincre le tribunal que sa cliente n’a enfreint « aucune règle ». Marine Le Pen, fidèle à sa ligne de défense, rejette tout système frauduleux. « Nous ne sommes pas dans une enceinte politique, mais judiciaire », a rappelé le parquet, qui a pointé l’absence de remise en question des prévenus et souligné que le parti avait déjà été condamné dans des affaires similaires.

Après deux mois d’audience, la présidente du tribunal correctionnel, Bénédicte de Perthuis, annoncera ce mercredi la date de délibéré, probablement dans plusieurs mois. En attendant, les prévenus auront une dernière occasion de s’exprimer à l’issue des plaidoiries, bien que Marine Le Pen ait déjà affirmé qu’elle n’ajouterait « rien de plus » après l’intervention de son avocat.

Le procès du RN dépasse largement le cadre judiciaire, devenant un symbole des tensions entre politique et justice. Pour Marine Le Pen, triple candidate à la présidentielle, l’enjeu dépasse sa propre personne : ce procès est également une épreuve pour son parti et ses ambitions présidentielles.