Onze ans après leur libération, quatre journalistes français enlevés en Syrie en 2013 affrontent leurs geôliers présumés devant la cour d’assises spéciale de Paris. Parmi les accusés, Mehdi Nemmouche, déjà condamné à perpétuité pour l’attentat du Musée juif de Bruxelles en 2014, est jugé pour séquestration et actes de torture. À ses côtés, Abdelmalek Tanem et Kais Al-Abdallah, tandis que deux autres jihadistes, présumés morts, sont jugés par défaut. Ce procès, qui doit durer cinq semaines, est un nouveau chapitre dans l’histoire de l’État islamique et de son emprise terroriste en Syrie.
Le déclencheur de cette enquête fut l’arrestation de Mehdi Nemmouche, quelques semaines après la libération des otages. En voyant sa photo dans la presse, le journaliste Nicolas Hénin a immédiatement reconnu en lui « Abou Omar », l’un de ses geôliers, un homme sadique et violent, admirateur de Mohamed Merah. Son identification a été confirmée par plusieurs autres otages, notamment au son de sa voix. Ce témoignage sera l’un des éléments clés du procès, malgré les dénégations répétées de l’accusé.
Les conditions de détention des otages ont été marquées par des actes de torture physique et psychologique. Privations, humiliations, simulacres d’exécution… Les journalistes et humanitaires enlevés par l’État islamique ont subi l’horreur quotidienne aux mains de geôliers souvent francophones. Certains d’entre eux, comme l’humanitaire britannique David Haines ou le journaliste américain James Foley, ont été exécutés par le groupe terroriste dans des mises en scène macabres.
Face aux accusations, Mehdi Nemmouche et ses co-accusés contestent les faits. Leur défense tente de minimiser leur rôle, affirmant qu’ils n’étaient pas impliqués dans la gestion des otages. Mais les témoignages des survivants et les investigations menées sur les liens entre ces jihadistes et la structure de détention de l’EI en Syrie pèseront lourd dans les débats.
Pour les anciens otages, ce procès est un moment clé de leur reconstruction. Nicolas Hénin a déjà exprimé son désir de « réponses » face à ceux qui ont brisé leur vie. Ce face-à-face entre victimes et bourreaux promet d’être éprouvant, mais aussi déterminant pour que justice soit rendue, non seulement pour ces journalistes, mais aussi pour les innombrables Syriens victimes du terrorisme islamiste.