Procès de Peter Cherif : le djihadiste face à la justice pour son rôle dans les attentats de Charlie Hebdo

16 septembre, 2024 / Entrevue

Le procès de Peter Cherif, figure du jihadisme français et proche de Chérif Kouachi, un des assaillants de l’attentat de Charlie Hebdo, s’est ouvert ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Aujourd’hui âgé de 42 ans, Cherif, alias Abou Hamza, est jugé pour association de malfaiteurs terroriste entre 2011 et 2018, période marquée par sa présence au Yémen au sein d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Un parcours jihadiste international

Né et ayant grandi dans le 19e arrondissement de Paris, aux côtés des frères Kouachi, Peter Cherif est une figure de la filière des Buttes-Chaumont, une cellule terroriste active au début des années 2000. Converti à l’islam en 2003, Cherif part rapidement au Moyen-Orient, rejoignant Al-Qaïda en Irak en 2004. Capturé par les forces américaines, il s’évade en 2007 avant de trouver refuge en Syrie, puis d’être extradé vers la France en 2008.

En 2011, alors qu’il devait être jugé à Paris pour ses activités djihadistes, il prend la fuite pour le Yémen, via la Tunisie et Oman, où il rejoint les rangs de l’Aqpa. C’est durant cette période qu’il aurait facilité l’intégration de Chérif Kouachi au sein d’Aqpa et aurait eu connaissance des plans d’attentat visant la France, bien qu’il conteste toute implication directe dans l’attaque de Charlie Hebdo.

Accusé de complicité dans l’attentat de Charlie Hebdo

Le rôle de Peter Cherif dans l’attentat de Charlie Hebdo sera au cœur du procès. L’instruction estime qu’il a aidé Chérif Kouachi à s’intégrer au sein d’Aqpa lors d’un séjour au Yémen en 2011. Selon plusieurs témoignages, y compris celui de sa défunte compagne, Aqpa encourageait les combattants étrangers à revenir dans leur pays pour y commettre des attentats, une consigne qui aurait été également donnée à Peter Cherif.

Si Peter Cherif a toujours nié être impliqué dans la préparation de l’attentat, la cour d’assises tentera d’éclaircir son rôle dans l’accueil et l’endoctrinement de Kouachi. La question de savoir si Cherif a aidé ou influencé Kouachi dans la préparation de l’attaque restera centrale lors de l’audience, où des victimes de Charlie Hebdo, notamment les dessinateurs Riss et Coco, témoigneront.

Une carrière djihadiste sous surveillance

En plus de sa complicité présumée dans l’attentat de Charlie Hebdo, Cherif devra répondre des accusations d’enlèvement et de séquestration de trois humanitaires français en 2011 au Yémen, retenus prisonniers pendant plus de cinq mois. Le djihadiste est également accusé d’avoir participé aux activités militaires d’Aqpa, notamment en contribuant à la fabrication d’engins explosifs et en prenant part à des combats. Il aurait également été en contact avec Anwar al-Awlaqi, un prédicateur radical américain, tué par un drone en 2011.

Arrêté à Djibouti en 2018 après avoir vécu sous une fausse identité, Cherif fut extradé vers la France. Désormais, il devra répondre devant la justice française de son implication dans l’une des attaques terroristes les plus marquantes de l’histoire récente du pays.

Le procès, prévu jusqu’au 4 octobre, devrait permettre d’apporter de nouvelles réponses sur l’attentat de Charlie Hebdo et sur les activités djihadistes de Peter Cherif.