Ce lundi 14 octobre 2024, Marine Le Pen, ancienne dirigeante du Front national (aujourd’hui Rassemblement national), s’est retrouvée face à la justice, accusée de détournement de fonds publics aux côtés de 24 autres prévenus. Lors de son premier interrogatoire devant le tribunal correctionnel de Paris, la cheffe de file de l’extrême droite a dévié des questions précises, préférant concentrer sa défense sur des arguments politiques.
Le procès porte sur un système mis en place par le parti, consistant à employer des assistants d’eurodéputés rémunérés par le Parlement européen, mais dont les tâches servaient principalement le parti politique. Marine Le Pen est notamment visée pour l’emploi de Catherine Griset, son ancienne cheffe de cabinet, en tant qu’assistante parlementaire entre 2010 et 2016.
Pendant plus de six heures, Marine Le Pen a souvent contourné les questions directes, préférant raconter ses débuts au Parlement européen et les difficultés des eurodéputés FN à l’époque. Elle a décrit une « mutualisation » des tâches entre les assistants parlementaires, expliquant que ces derniers partageaient des missions comme la rédaction de notes et la revue de presse. Cependant, elle a réaffirmé n’avoir « commis aucune irrégularité », malgré les accusations portées par certains anciens eurodéputés FN, dont Fernand Le Rachinel, qui a affirmé que certains assistants « ne travaillaient pas du tout ».
Lorsque le tribunal a soulevé la question des critères d’embauche et du travail effectué par ses assistants, Marine Le Pen a fait une surprenante métaphore, comparant le Parlement européen à un « blob qui engloutit tout ». Elle a dépeint une institution où les députés se perdent dans un environnement clos, absorbés par ses rouages bureaucratiques. Selon elle, son rôle était de rappeler à ces élus qu’ils étaient là pour défendre des idées politiques, celles de leur parti et des militants.
L’accusation a toutefois relevé que Catherine Griset avait passé peu de temps dans les locaux du Parlement européen, travaillant moins de 12 heures sur une période d’un an. Un débat s’est alors ouvert sur les justificatifs d’horodatage et les pratiques des assistants en matière de badgeage, Marine Le Pen admettant qu’elle et ses collaborateurs ne badgeaient pas toujours.
L’audience se poursuivra mardi avec la suite de l’interrogatoire de Marine Le Pen.