Le procès de Myriam Jaouen s’ouvre ce mardi à Lyon. Cette ancienne employée du groupe People & Baby est accusée d’avoir, en juin 2022, fait ingérer volontairement un produit caustique à une fillette de 11 mois. Un geste meurtrier, commis alors qu’elle était seule en poste dans une micro-crèche, et qu’elle a fini par reconnaître. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi.
Le drame avait provoqué un choc national, précipitant une série d’enquêtes sur les dysfonctionnements des crèches privées, notamment chez People & Baby. Pourtant, l’entreprise n’est ni mise en cause ni citée comme témoin dans ce procès. Une situation qui interroge, alors que des dizaines de crèches du groupe ont été inspectées depuis, révélant sous-effectifs, manquements graves aux règles d’encadrement et défaillances dans la surveillance.
Des failles structurelles ignorées
Si Myriam Jaouen est seule dans le box des accusés, plusieurs parents et professionnels décrivaient déjà à l’époque une employée dépassée, parfois à bout, peu formée, embauchée sans vérification sérieuse de ses précédents. Le parquet lui reproche un geste volontaire, incompatible avec la thèse de l’accident. La fillette est morte dans d’atroces souffrances, après avoir été retrouvée vomissante et brûlée de l’intérieur.
Les avocats des associations parties civiles, L’Enfant Bleu et Innocence en Danger, devraient évoquer la responsabilité indirecte de l’organisation des crèches, permise par une réglementation trop laxiste. La possibilité de laisser un seul adulte avec plusieurs enfants dans certaines micro-crèches – comme celle de People & Baby à Lyon – sera au cœur des débats. Une réforme du secteur est attendue pour 2026.
Un secteur en crise
Depuis deux ans, plusieurs scandales touchent les géants de la crèche privée. Des condamnations pour violences à Villeneuve-d’Ascq, des fermetures administratives en cascade, des révélations sur les conditions de travail et la logique de rentabilité qui prime sur la sécurité. Le fondateur de People & Baby, Christophe Durieux, a été écarté après des dépenses somptuaires et une gestion décriée.
Les professionnels, eux, attendent des actes. Le rapport de l’IGAS d’avril 2023 a tiré la sonnette d’alarme, documentant maltraitances, manque de contrôles et pressions économiques délétères. Mais les promesses de régulation tardent à se concrétiser. « Ce qui s’est passé est inacceptable, mais évitable », confesse aujourd’hui la nouvelle direction de People & Baby, qui a fermé la crèche concernée.