Alors que certains spéculent sur une démission d’Emmanuel Macron qui entrainerait une élection présidentielle anticipée, le système actuel des parrainages d’élus fait de plus en plus d’émules parmi ses détracteurs. Florian Philippot, président des Patriotes, relance le débat en proposant une réforme radicale : remplacer les 500 parrainages d’élus par un système de parrainages citoyens.
Une réforme pour redonner la parole au peuple
Pour Florian Philippot, le constat est clair : « Il faut passer d’un filtre oligarchique à un filtre démocratique ! » Actuellement, chaque candidat à l’élection présidentielle doit recueillir au moins 500 signatures d’élus issus de 50 départements ou territoires d’outre-mer. Un système souvent critiqué pour les pressions qu’il exerce sur les maires, notamment ceux des petites communes, qui peuvent hésiter à s’engager par crainte des répercussions. Par exemple, un maire d’une petite commune pourrait redouter de perdre une subvention pour un projet local s’il parraine un candidat perçu comme marginal.
Bien que la majorité des près de 35 000 maires de France ne soient pas affiliés à des partis politiques, les collectivités territoriales (conseils départementaux, conseils régionaux, communautés d’agglomération) sont souvent dirigées par des « barons locaux » affiliés à des formations comme Les Républicains (LR) ou le Parti socialiste (PS). Ces partis, implantés depuis des décennies, disposent de moyens de pression financiers sur les maires et leurs projets communaux. Cette influence est renforcée depuis 2017 par la publication des parrainages, qui rend les élus encore plus vulnérables aux critiques ou aux représailles.
Cette situation explique pourquoi, en 2022, Anne Hidalgo (PS) et Valérie Pécresse (LR) ont réussi à obtenir un nombre impressionnant de parrainages, malgré leur faible score au premier tour. Hidalgo a ainsi recueilli 1 440 parrainages pour un résultat électoral de 1,75 %, tandis que Pécresse a obtenu 2 936 parrainages et 4,78 % des voix. En comparaison, Marine Le Pen, qui a réuni 23,15 % des suffrages, n’a obtenu que 622 parrainages. Ces chiffres illustrent la persistance des réseaux d’influence et du clientélisme des partis traditionnels, comme le PS et LR, qui, bien qu’en déclin dans les scrutins nationaux, continuent de peser sur les parrainages grâce à leurs alliances et à leur implantation locale historique.
Les Patriotes proposent donc un système alternatif basé sur 100 000 parrainages citoyens, avec des signatures réparties sur au moins 50 départements pour garantir une représentativité nationale. Chaque électeur inscrit sur les listes aurait ainsi le droit de parrainer un candidat. Ce mécanisme, inspiré du référendum d’initiative populaire, permettrait de redonner le pouvoir de sélection au peuple souverain.
L’idée des parrainages citoyens n’est pas nouvelle. En 2012, la « Commission Jospin », chargée de réfléchir à la rénovation de la vie publique, avait déjà envisagé cette réforme et conclu qu’elle était techniquement réalisable, notamment grâce à la distribution de formulaires papier et à la mise en place de systèmes électroniques sécurisés. En 2021, Jean-Luc Mélenchon, alors député, déposait une proposition de loi visant à introduire un système de parrainage citoyen complémentaire. Il suggérait un seuil de 150 000 signatures, également réparties sur au moins 50 départements, avec une limite de 5 % des signatures par département pour éviter une sur-représentation locale. Bien que rejetée en commission, cette proposition avait suscité un débat riche sur l’accessibilité des candidatures.
Un tel système présente plusieurs avantages. Il répondrait à une demande croissante de participation directe des citoyens, dans un contexte marqué par une forte abstention et une défiance envers les institutions. En outre, il corrigerait certaines limites du système actuel, accusé d’écarter des courants politiques significatifs faute de parrainages suffisants.
Cependant, des critiques subsistent. Certains redoutent une multiplication des candidatures non sérieuses ou l’émergence de figures médiatiques opportunistes. Sur le plan technique, vérifier l’authenticité de 100 000 à 150 000 signatures dans des délais courts pourrait poser des défis logistiques. Enfin, d’aucuns craignent que cette réforme renforce la présidentialisation du régime.
Un appel à l’action
Pour Florian Philippot, il est urgent d’agir. Son parti, Les Patriotes, a lancé une pétition en ligne pour mobiliser les Français autour de cette réforme. « Une majorité existe à l’Assemblée nationale pour voter une loi organique et changer le système. Il est temps de passer de la parole aux actes ! », affirme-t-il. La balle est donc dans le camp des députés. Ce projet, à la croisee des chemins entre démocratie directe et représentativité nationale, pose une question essentielle : qui doit avoir le dernier mot pour désigner les candidats à la présidence de la République ?