Présidentielle en Algérie : Tebboune en route pour un second mandat malgré une faible participation

Entrevue 1

Les Algériens attendent ce dimanche 8 septembre 2024 les résultats définitifs de l’élection présidentielle tenue la veille, où Abdelmadjid Tebboune est pressenti pour être réélu pour un second mandat. La participation au scrutin, bien qu’améliorée par rapport à 2019, est restée modérée.

Mohamed Charfi, président de l’autorité électorale Anie, a annoncé tard dans la nuit un taux de participation préliminaire de 48,03%, après la fermeture des bureaux de vote à 20h00. Toutefois, le nombre exact d’électeurs sur les plus de 24 millions d’inscrits n’a pas été précisé, et le taux définitif ainsi que les résultats devraient être connus dans la journée.

La participation était le véritable enjeu de ce scrutin. Tebboune, élu en 2019 avec 58% des voix mais une faible participation de 39,83%, cherchait cette fois-ci à renforcer sa légitimité. Lors de sa première élection, il faisait face à un climat tendu marqué par les manifestations prodémocratie du Hirak, qui avaient mené à la chute de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

Malgré une faible affluence dans les bureaux de vote samedi et une participation estimée à seulement 26% en milieu de journée, l’Anie avait prolongé le scrutin d’une heure. Tebboune était largement favori avant même le vote, soutenu par plusieurs formations politiques majeures, dont le Front de libération nationale (FLN), ancien parti unique.

En face, deux candidats tentaient de le défier : Abdelaali Hassani, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, parti islamiste), et Youcef Aouchiche, leader du Front des forces socialistes (FFS). Tous trois ont centré leurs campagnes sur la relance de l’économie, fortement dépendante des hydrocarbures, et l’amélioration du pouvoir d’achat.

Sur fond de promesses économiques, Tebboune, appuyé par les recettes du gaz naturel, ambitionne de faire de l’Algérie la deuxième puissance économique d’Afrique, après l’Afrique du Sud. Toutefois, l’abstention des jeunes, malgré la gratuité des transports publics, a marqué le scrutin.

Pour Hasni Abidi, analyste et directeur du Centre d’études Cermam à Genève, la faible mobilisation s’explique par une « campagne médiocre » et une opposition peu convaincante. Il estime que, malgré sa probable victoire, Tebboune devra réformer sa gouvernance et s’attaquer à des défis démocratiques pour surmonter un déficit d’adhésion populaire. Ses rivaux, notamment Youcef Aouchiche, ont plaidé pour plus de droits et de libertés, promettant une amnistie pour les prisonniers d’opinion.

L’ONG Amnesty International a récemment dénoncé la répression continue des voix dissidentes en Algérie, une question qui pourrait poser problème à Tebboune durant son second mandat, alors que des dizaines de militants pro-Hirak restent emprisonnés.

En résumé, si Tebboune semble bien parti pour conserver le pouvoir, il devra composer avec un faible soutien populaire et une pression croissante pour des réformes politiques et sociales.

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