À moins de trois semaines de l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris a fait une première entrée remarquée sur la chaîne conservatrice Fox News, le mercredi 16 octobre 2024. L’actuelle vice-présidente, qui a remplacé Joe Biden en juillet pour affronter Donald Trump, a été confrontée à une interview tendue avec le journaliste chevronné Bret Baier, connu pour ses entretiens sans concession. À plusieurs reprises, les échanges sont devenus vifs, Harris demandant même à pouvoir « terminer » ses réponses face à un interviewer persistant.
Une présidence distincte de celle de Biden
Durant cette interview de 30 minutes, Kamala Harris a insisté sur le fait que sa présidence ne serait pas une simple continuation du mandat de Joe Biden. « Comme tout nouveau dirigeant, j’apporterai mes expériences personnelles, mon parcours et des idées nouvelles », a-t-elle affirmé, tout en marquant son respect pour son prédécesseur, sans toutefois renier son héritage. Elle a souligné qu’elle représentait une « nouvelle génération de leaders », se positionnant comme une candidate prête à imprimer sa propre marque sur le futur de l’Amérique.
Cet exercice est délicat pour Harris : alors qu’elle doit se différencier de Biden pour se démarquer auprès de l’électorat, elle doit aussi rester fidèle à l’administration sortante, sans critiquer ouvertement le bilan du président octogénaire.
Sur la défensive face aux attaques républicaines
L’immigration a été l’un des sujets phares de l’interview, un thème sur lequel Harris a été particulièrement attaquée. Bret Baier l’a notamment interpellée sur la tragique mort d’une fillette de 12 ans, tuée par un migrant illégalement entré aux États-Unis. Accusée de négligence sur la sécurité des frontières, Harris a répliqué en rappelant que le Congrès n’avait pas adopté de législation cruciale pour renforcer la sécurité frontalière, texte bloqué par l’opposition de Donald Trump.
La vice-présidente a aussi été mise sur la sellette concernant la santé mentale de Joe Biden, question à laquelle elle a répondu en défendant son ancien colistier, tout en redirigeant les critiques vers son rival républicain. Elle a notamment attaqué Trump pour son incapacité à accepter les critiques sans menacer ses opposants, dénonçant une politique de division.
L’apparition de Kamala Harris sur Fox News s’inscrit dans une stratégie claire : tenter de séduire un électorat conservateur peu sensible à ses discours habituels. En s’exposant ainsi dans un environnement traditionnellement hostile, elle a cherché à démontrer sa combativité et sa capacité à affronter un public difficile. Cette première intervention sur la chaîne préférée des républicains pourrait lui permettre de s’ouvrir à de nouveaux segments d’électeurs, notamment ceux désillusionnés par la politique de Trump.
Les premières réactions à l’interview ont été vives. L’équipe de campagne de Donald Trump a immédiatement qualifié la prestation de « désastreuse », tandis que celle de Kamala Harris a défendu l’idée qu’elle avait atteint ses objectifs, à savoir s’adresser à un public peu familier de ses propositions et prouver qu’elle pouvait tenir tête à une interview difficile.
Un duel final incertain
Alors que les sondages montrent un resserrement entre les deux candidats, Harris et Trump se battent pour chaque voix, notamment dans les États clés comme la Pennsylvanie, où Harris a tenu un meeting avant l’interview. La course reste ouverte, et chacun des deux candidats multiplie les efforts pour s’assurer le soutien des électeurs indécis. Si Harris mise sur un message d’unité et de renouvellement, Trump continue de jouer sur ses thèmes traditionnels de sécurité et d’immigration, tout en mobilisant sa base électorale avec des attaques contre l’establishment.
À trois semaines du scrutin, l’issue de l’élection demeure incertaine, chaque candidat cherchant à faire basculer en sa faveur les derniers indécis.