À la veille d’une élection décisive, les Américains se préparent à élire leur futur président : Donald Trump ou Kamala Harris. Mais contrairement à de nombreux autres pays, le scrutin présidentiel américain repose sur un système complexe de suffrage indirect, rendant le processus de vote unique et souvent déroutant pour les observateurs internationaux.
Une élection en deux étapes : le vote populaire et le collège électoral
Aux États-Unis, les citoyens n’élisent pas directement leur président. Ils votent pour des « grands électeurs » qui, eux, se chargeront d’élire le chef de l’État lors d’une réunion le 17 décembre prochain. Les 538 grands électeurs sont répartis proportionnellement entre les États en fonction de leur population, avec un minimum de trois grands électeurs par État. Pour remporter la présidence, un candidat doit obtenir la majorité des voix de ces grands électeurs, soit 270 voix.
Ce modèle permet de garantir une représentation équilibrée des États, petits et grands. Ainsi, un État comme la Californie, très peuplé, dispose de 54 grands électeurs, tandis que des États plus petits, comme le Wyoming, n’en ont que trois.
Le système du « winner-takes-all » et ses exceptions
Le principe de « winner-takes-all » (le gagnant remporte tout) s’applique dans presque tous les États : le candidat qui obtient le plus de voix populaires dans un État remporte la totalité des grands électeurs de cet État. Cette règle simple peut cependant donner lieu à des décalages surprenants : un candidat peut ainsi gagner la présidence sans obtenir la majorité des voix au niveau national. C’est ainsi que Donald Trump, en 2016, est devenu président en remportant le collège électoral tout en ayant moins de voix que sa rivale, Hillary Clinton.
Deux exceptions à cette règle existent : le Maine et le Nebraska. Dans ces deux États, les grands électeurs sont répartis proportionnellement, ce qui permet de mieux refléter les préférences régionales.
Vote anticipé : des millions d’Américains ont déjà voté
Si l’élection se tient officiellement le 5 novembre, des millions d’Américains ont déjà voté par anticipation, soit par correspondance, soit en personne. Ce recours au vote anticipé permet un dépouillement plus rapide dans certains États. Cependant, des États comme la Pennsylvanie ou le Wisconsin n’autorisent le traitement des bulletins anticipés qu’à partir du jour de l’élection, ce qui peut retarder l’annonce des résultats finaux.
Les habitudes de vote anticipé varient d’un parti à l’autre : les électeurs démocrates votent plus souvent à l’avance, tandis que les républicains se rendent majoritairement aux urnes le jour même de l’élection.
Un processus long, rythmé par des dates clés
L’élection américaine ne s’achève pas le jour du vote populaire. Après le scrutin du 5 novembre, d’autres étapes essentielles suivent. Le 17 décembre, les grands électeurs se réuniront dans leurs États respectifs pour voter officiellement pour le président et le vice-président. Ensuite, le 6 janvier, le Congrès se réunira pour compter ces votes lors d’une session conjointe. C’est à ce moment-là que le résultat sera officiellement confirmé.
Si le résultat est très serré, des recomptages peuvent être déclenchés dans certains États clés. En cas d’égalité parfaite au sein du collège électoral, la décision reviendra à la Chambre des représentants, une situation rare mais prévue par la Constitution.
Ce processus électoral complexe n’est pas sans risques de contestations. En 2020, Donald Trump avait multiplié les accusations de fraude, conduisant à plusieurs recomptages dans les États décisifs. Cette année, des lois locales prévoient des recomptages automatiques si l’écart entre les deux candidats est faible. Des « swing states » comme la Pennsylvanie et l’Arizona appliqueront cette mesure si la marge de victoire est inférieure à 0,5 %.
Le risque de contestation est particulièrement élevé dans les jours suivant le vote, jusqu’à ce que les résultats soient certifiés. Des lois adoptées depuis 2020 visent cependant à renforcer la transparence et la sécurité des décomptes.
Inauguration : le début du mandat le 20 janvier
Le mandat du nouveau président débutera officiellement le 20 janvier, lors de l’Inauguration. Cette cérémonie traditionnelle marquera le début d’une nouvelle ère pour les États-Unis. À cette occasion, le président prête serment, généralement en posant sa main sur une Bible, bien que cette tradition ne soit pas imposée par la Constitution.