Présidentielle américaine 2024 : Le point de convergence inattendu entre Kamala Harris et Donald Trump sur la défiscalisation des pourboires

16 août, 2024 / Entrevue

Alors que la campagne présidentielle américaine de 2024 bat son plein, une mesure rassemble étonnamment Kamala Harris et Donald Trump : la défiscalisation des pourboires. Une rareté dans un paysage politique marqué par de profondes divisions entre les deux principaux candidats à la Maison Blanche.

Une alliance stratégique dans un État clé

Kamala Harris, la candidate démocrate, a récemment adopté cette idée, initialement défendue par Donald Trump, lors d’un meeting à Las Vegas. En promettant non seulement de défiscaliser les pourboires mais aussi de revaloriser le salaire minimum, Harris a fait un choix stratégique dans le Nevada, un État clé où le vote des travailleurs du secteur des services, qui dépendent en grande partie des pourboires, pourrait s’avérer déterminant en novembre. Avec près de 350 000 employés dans l’hôtellerie et la restauration, ce groupe d’électeurs est particulièrement courtisé, surtout après la victoire de Joe Biden en 2020 avec une marge de moins de 40 000 voix.

Un enjeu électoral évident mais des critiques économiques sévères

Si cette mesure séduit électoralement, elle est loin de faire l’unanimité parmi les économistes. Selon Ernie Tedeschi, directeur économique du Budget Lab de l’université de Yale, seuls 2,5 % des travailleurs américains, soit environ 4 millions de personnes, sont partiellement rémunérés en pourboires. Parmi eux, près de 40 % ne sont même pas imposables au niveau fédéral. L’impact direct sur ces salariés serait donc limité, tandis que le coût pour les finances publiques pourrait s’élever entre 100 et 250 milliards de dollars sur dix ans, selon le Comité pour un budget fédéral responsable (CRFB).

Un risque d’optimisation fiscale préoccupant

Le CRFB met également en garde contre le risque de dérives budgétaires. L’exonération des pourboires pourrait inciter certains travailleurs et employeurs à reclasser une partie de leurs revenus ordinaires en pourboires, gonflant ainsi la facture pour les finances publiques, qui pourrait atteindre 500 milliards de dollars en cas d’abus massifs. Ce risque d’optimisation fiscale inquiète tant les progressistes du Center for American Progress que les conservateurs de la Tax Foundation, qui voient dans ce « slogan séduisant » un potentiel pour étendre la culture du pourboire à encore plus de professions.

En conclusion, si la défiscalisation des pourboires semble être un rare point d’accord entre Kamala Harris et Donald Trump, elle n’en reste pas moins une mesure controversée, soulevant des questions économiques et fiscales majeures à quelques mois de l’élection présidentielle.