À deux ans de l’élection présidentielle, Bernard Cazeneuve multiplie les signaux d’ouverture. Dans un entretien accordé ce lundi à la revue L’Hémicycle, l’ancien Premier ministre socialiste annonce avoir proposé une fusion entre son mouvement, La Convention, et celui de Raphaël Glucksmann, Place Publique. Objectif affiché : unir les forces sociales-démocrates face à la montée du populisme.
Un ralliement sans conditions
S’il a quitté le Parti socialiste en 2022, Cazeneuve rappelle que « la gauche est [sa] famille politique » et se dit prêt à faire le premier pas pour favoriser un rassemblement : « Je ne revendique aucun leadership », affirme-t-il, assurant qu’il ne bloquera aucune initiative sérieuse même si elle ne lui est pas rattachée. Il affiche ainsi une volonté claire de rassembler autour d’un projet de gouvernement, et non de personne.
Dans ce contexte, l’ancien chef du gouvernement de François Hollande acte aussi un changement majeur dans sa vision des institutions. Longtemps opposé au scrutin proportionnel, il se dit aujourd’hui favorable à sa mise en œuvre « pour des raisons qui tiennent aux circonstances », et afin de « permettre une représentation plus équilibrée » des forces politiques, tout en endiguant « le danger populiste ».
Stabilité politique avant tout
En pleine fragilité du gouvernement dirigé par François Bayrou, Bernard Cazeneuve plaide pour éviter toute manœuvre qui déstabiliserait davantage les institutions. Opposé à la censure, il considère que provoquer une chute de l’exécutif ne profiterait qu’aux extrêmes, et notamment à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Il appelle donc à laisser le gouvernement aller « jusqu’à la présidentielle », afin d’éviter que la crise politique actuelle ne bascule vers une « crise de régime ». Ce positionnement marque le retour d’un Cazeneuve conciliant, stratège et déterminé à reconstruire une gauche républicaine crédible, sans céder aux sirènes des radicalités ni aux logiques d’appareil.