Pour Ruffin, la rupture avec Mélenchon était essentielle

Entrevue 1

François Ruffin, député réélu de la Somme, a expliqué au Monde pourquoi il a décidé de ne pas siéger aux côtés de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, officialisant ainsi un divorce après des mois de tensions internes. Réélu avec 52 % des voix face à une candidate du Rassemblement national (RN) grâce au barrage républicain, Ruffin se montre inquiet de l’ancrage du vote RN dans sa région. Selon lui, « perdre les ouvriers, c’est très grave pour la gauche : ce n’est pas seulement perdre des voix, c’est aussi perdre son âme ».

Ruffin décrit une campagne difficile face à la popularité de Marine Le Pen et Jordan Bardella, et constate le rejet de Jean-Luc Mélenchon, qu’il attribue à « la politique de LFI ces deux dernières années ». Il reproche à LFI de se concentrer sur « les quartiers et la jeunesse diplômée » aux dépens des « campagnes populaires », et critique le « sectarisme » du groupe à l’Assemblée.

L’idée du Nouveau Front populaire vient de lui. Il avait lancé le site de campagne « Front populaire 2024 » pour un « front commun » contre l’extrême droite. Cependant, Ruffin a quitté LFI peu avant le second tour des législatives, critiquant la présence omniprésente de Mélenchon. Il souligne la nécessité de rompre avec LFI pour « pouvoir respirer ».

François Ruffin et d’autres députés dissidents, comme Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi et Danielle Simonnet, envisagent de former un groupe parlementaire avec les communistes, les écologistes et le parti Génération.s. Ils ont proposé aux présidents des groupes PCF et écologiste de créer un « groupe commun ». Ruffin appelle également Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre issu de la gauche, tout en restant ouvert à des alliances ponctuelles avec le camp présidentiel selon les projets de loi.

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