« Pour moi, le groupe Bolloré, c’est la liberté ! » L’interview exclusive de Sarah Saldmann pour Entrevue
S’il y a bien une avocate qui ne laisse pas indifférente, c’est Sarah Saldmann. Ex-chroniqueuse des Grandes Gueules sur RMC et aujourd’hui présente sur CNews ou chez Cyril Hanouna, la jeune femme est réputée pour ses prises de position cashs et sans filtre, qui ont le don d’agacer certains. Mais peu lui importe : Sarah dit ce qu’elle pense sans se soucier des critiques. Preuve en est avec l’interview qu’elle nous a accordée en exclusivité dans le numéro d’Entrevue daté mars… Retrouvez ici l’intégralité de cet entretien. Pour elle, toutes les vérités sont bonnes à dire !
Marie Giancani : À quel âge saviez-vous que vous vouliez devenir avocate ?
Sarah Saldmann : Je l’ai su très rapidement, au collège peut-être. Pour moi, c’était une évidence d’avoir une profession où je pouvais être libre…
Quelle est votre spécialité ?
Je n’ai pas de spécialité, car je n’ai pas passé l’examen de spécialité. Mais je fais majoritairement du droit pénal et du droit de la famille. Au départ, je voulais faire droit public et du droit fiscal pour avoir de l’argent. Au début, j’ai commencé par ça d’ailleurs, et c’était horrible… Je me suis dit que je ne pouvais pas continuer à faire quelque chose que je détestais à ce point. Tant pis, j’aurais moins d’argent. Après, je ne fais pas du pénal crade comme certains confrères, je suis souvent du côté partie civile, et je prends ce qui m’arrange. si on me donne un dossier où un homme a frappé sa femme, je défendrai toujours la femme, jamais l’agresseur.
Vous êtes une avocate médiatisée. Est-ce qu’il y a une parité à ce niveau-là, où vous trouvez que les hommes avocats sont plus représentés dans les médias que les femmes avocates?
Des hommes avocats célèbres, je peux vous en citer plein. Des femmes avocates célèbres, mais qui dépassent le microcosme parisien, vivante j’entends, je n’ai pas. Ah si, j’en ai une. Sylvie Noachovitch ! Elle est chez Courbet, elle fait partie du PAF depuis un moment, elle est connue médiatiquement.
Est-ce qu’il y a des gens que vous refuseriez de défendre ?
Je refuserais de défendre tout ce qui est terroriste, tout ce qui est contre Israël, tout ce qui est violences faites aux animaux…
Et des profils de pédophiles ou des tueurs en série ?
Tueurs en série, pas forcément. De prime abord, je vous dirais non, mais il faut voir le dossier. Animaux, on ne discute même pas, Israël y a pas à discuter. Pédophile, je peux écouter ce qu’il a à me dire. Est-ce qu’il est taré ? Est-ce que lui-même a subi des choses, je n’en sais rien. Je ne dis pas que je le ferais, mais je dis que je peux écouter. Il faut que j’ai un réel intérêt à le prendre aussi.
« Le féminisme, tel qu’il est représenté avec l’écriture inclusive et le #Me too à l’excès, par exemple, ce n’est pas moi. »
Vous êtes féministe ? Est-ce que l’on peut être féministe et de droite ? Est-ce que vous ne considérez pas que ce sont des valeurs que s’approprie la gauche ?
La gauche s’approprie beaucoup de valeurs, mais une fois qu’il s’agit de les mettre en œuvre, il n’y a plus personne. Ça dépend ce que vous appelez féministe… Moi, le féminisme, tel qu’il est représenté avec l’écriture inclusive et le #Me too à l’excès, par exemple, ce n’est pas moi. Et sur les vrais combats, je trouve qu’elles ne sont pas présentes. Certaines associations, notamment, défendent souvent les victimes en fonction de leur profil.
Vous défendez l’égalité femmes-hommes ?
Je ne suis pas pour l’égalité parfaite, mais pour la complémentarité au sein du couple. Je pense que l’homme doit payer, que c’est de la galanterie que de payer l’addition et de tenir la porte. Et ce n’est pas que parce que je n’ai pas l’argent… Je l’ai, l’argent. C’est que je ne veux pas. Je suis assez conservatrice, oui.
Et l’égalité des salaires ?
Pour l’égalité salariale, bien sûr que je suis féministe, ce n’est pas acceptable qu’une femme soit moins bien payée qu’un homme parce que c’est une femme, et les chiffres le montrent. Je ne vois pas pourquoi une femme gagnerait moins, et on lui proposerait moins ! Après la parité à tout prix, devoir prendre une femme parce qu’elle est une femme, je ne suis pas sûre que ce soit bien non plus. Ce que je pense, c’est que les femmes ont moins confiance en elles que les hommes. Ça c’est vrai, globalement c’est vrai.
En tant que citoyenne et en mettant la robe de côté, que pensez-vous de la justice française ?
Catastrophe ! Manque de moyens, lenteur, pour les victimes les peines ne sont pas assez sévères en tout cas, c’est ce qu’elles ressentent. Quand on voit le système judiciaire, ça décourage parfois d’intenter une action et de l’autre côté quand vous êtes un politique ou une personnalité médiatique accusée de viol ou d’agression sexuelle, c’est une machine à broyer avant même que vous ayez été jugé.
Puisque vous n’avez pas peur de parler d’argent, vous gagnez combien par mois ?
Pas assez.
Vous ne cachez pas aimer le luxe. Quel serait le minimum pour que vous puissiez vivre confortablement, à Paris ?
Je n’ose pas le dire parce que c’est trop indécent. Je suis consciente qu’il y a des gens qui crèvent la dalle, de la même manière qu’en télé, j’essaye de m’habiller avec des vêtements sans marque. Vous voyez, quand j’étais sur RMC, j’ai croisé des gens qui m’expliquaient qu’ils gagnaient 1200 € par mois et que c’était dur. Pour quelqu’un qui gagne le SMIC, entendre une femme qui dit qu’elle peut mettre 8000€ dans un sac à main, ils se disent que ce n’est pas possible. J’ai un peu réalisé ça. La mère de famille qui est seule par exemple, avec ses trois enfants, et qui galère, est-ce que cette femme a envie d’entendre Sarah Saldmann qui se pose la question de son prochain sac Hermès ? Je ne suis pas sûre. Après, j’ai une passion pour le luxe, c’est vrai, je crois que c’est ma plus grande passion.
Vous vous êtes remise en question en quelque sorte ?
Sur l’argent, oui. Quand j’ai commencé à faire de la télé,sur certains propos, je me doutais bien qu’il y aurait une réaction, mais pas à ce point. Il y a eu des gens, suite à certains propos que j’ai tenus, qui se sont mis dans des états de rages pas possibles. Ils se sont déplacés à mon cabinet, ils ont appelé. Mais j’aime l’argent. Je préfère me tuer à la tâche pour en gagner plus, et c’est assumé.
Vous avez des affinités particulières avec certains animateurs ? Sur quel plateau vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Je dirais Alain Marschall, Oliver Truchot, Cyril Hanouna, Pascal Praud, Jean-Marc Morandini, et en femme, Sonia Mabrouk, qui est d’ailleurs un modèle absolu. Voilà, pour les plateaux sur lesquels je me sens bien. Dans ceux du groupe Bolloré je me sens bien, je me sens chez moi. Sur RMC, on est bien, sur CNEWS on est très bien, et chez TPMP !, c’est super !
Et le service public ?
Le service public, ce n’est pas qu’on est mal, mais j’y vais pour me faire défoncer, et je le sais parfaitement. D’ailleurs, c’est pour ça que j’aime y aller ! C’est parfois tellement hostile que c’est génial, et j’aime bien quand on me sort de ma zone. Quand l’émission C ce soir m’invite, c’est parce que j’imagine qu’ils veulent quelqu’un de droite… Avant, il y a 10 ans, les médias cherchaient des gens consensuels, mais maintenant, la plante verte consensuelle, on n’en veut plus !
Tout dépend des chaînes, non ?
Quand vous êtes dans le groupe Bolloré, vous êtes libre. Pour moi, le groupe Bolloré, c’est la liberté! On ne m’a jamais dit en avance quoi dire par exemple, que ce soit sur CNews ou chez Cyril Hanouna. À RMC non plus d’ailleurs. J’ai toujours été libre là-bas aussi…
En parlant de RMC, pourquoi avoir arrêté Les Grandes Gueules ?
Quand vous êtes aux Grandes Gueules, vous avez une clause d’exclusivité. Je l’ai signée, mais je l’ai plus ou moins respectée, disons-le. J’ai été rappelée à l’ordre plusieurs fois. Fin décembre, ils m’ont dit qu’il était possible qu’ils réduisent fortement mes présences, et en toute transparence, je leur ai dit que j’avais la possibilité d’avoir d’autres choses chez la concurrence…
Quelle a été leur réaction ?
Ils ont compris. On s’est quittés en très bons termes ! J’en dis toujours du bien. Ce sont eux qui m’ont lancée, je leur dois beaucoup, je les adore ! En plus, ils sont bienveillants comme pas possible. Alain et Oliver, vous pouvez les appeler juste pour leur parler, ils décrochent. Ils ne font pas du tout les stars !
Vous créez souvent la polémique. Quelle a été votre punchline la plus reprise sur les réseaux sociaux ?
Je dirais peut-être celle sur l’écologie, quand j’ai déclaré que je voyais mon intérêt avant celui de la planète que j’adorais prendre deux bains par jour. Ce buzz est vraiment allé loin ! Il y a des gens qui ont mis mes propos en réveil, ils en ont fait une chanson ! La punchline sur l’écologie, ça a été vraiment le premier vrai buzz auquel j’ai été confrontée. Je n’avais pas mesuré l’ampleur que ça allait prendre. Les écolos-radicaux, pour eux, l’écologie, c’est une religion. C’était vraiment de la haine qu’ils avaient envers moi. Ils me détestaient. Ces gens se sont dit : « Cette fille est un danger ! » Je n’avais encore jamais reçu une telle vague de commentaires.
Et ça vous a touchée ?
Ce type de vague de commentaires sur les réseaux sociaux, une fois que vous en avez eu une, les suivantes, vous vous en foutez. Je dirais même que vous les prenez avec dédain ! Mais la première, ça surprend. Tout le monde m’appelait pour me demander ce qu’il se passait.
« Jacques Attali m’a envoyé un SMS en me disant de présenter mes excuses, ce que j’ai refusé. Il m’a répondu qu’il coupait tout contact avec moi. »
Vous avez l’air assez imperméable aux critiques, mais quelle est celle qui vous a le plus blessé, et de la part de qui ?
Il y en a une qui m’a… Je ne peux pas dire blessée, mais interpellée. Sur l’écologie, Jacques Attali m’a envoyé un SMS en me disant de présenter mes excuses, ce que j’ai refusé. Il m’a répondu que dans ce cas-là, il coupait tout contact avec moi. Et il l’a fait. Je prends acte. Je m’en souviens, quoi.
Pour finir, vous ne parlez jamais de votre relation avec votre père, qui est un cardiologue et nutritionniste reconnu. Est-ce qu’il y a une raison particulière à cela ?
Au début, les gens en parlaient. Ils pensaient que j’étais pistonnée, alors qu’il n’a jamais passé un seul coup de fil pour me pistonner en TV. On n’est pas du tout sur le même créneau lui et moi. Par exemple, sur nos positions, moi, je suis très clivante, alors que lui est très consensuel. Le but, c’est d’être consensuel. Il est médecin, donc c’est normal de vouloir avoir l’adhésion du plus grand nombre. Quand vous avez un parent connu, dans l’esprit du grand public, vous êtes attendu au tournant. La comparaison est violente et souvent en défaveur des enfants. C’est pareil pour les enfants d’acteurs. Lily-Rose Depp, par exemple, les gens vont dire que ça ne va pas…
Si vous avez des enfants, vous ne voulez pas qu’ils deviennent avocats ?
Plus tard, quand j’aurai des enfants, je crois que je leur dirai : « Le mieux, c’est que tu sois médecin ou que tu fasses une grande école »… C’est toujours dur de faire le métier d’un de ses parents qui a une notoriété…