Pour Agnès Pannier-Runacher, la France n’est pas à droite
Dans une interview accordée au magazine L’Express, la ministre démissionnaire déléguée à l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, propose la mise en place d’un « contrat de coalition » pour inclure les différentes composantes du Nouveau Front populaire (NFP) – à l’exclusion de La France Insoumise (LFI) – ainsi que la Droite républicaine. Représentante de l’aile gauche de la Macronie, Pannier-Runacher insiste sur la nécessité de rassembler les voix du NFP pour obtenir une majorité absolue, et appelle à un dialogue entre Lucie Castets, candidate de la coalition de gauche pour Matignon, et l’ex-majorité présidentielle. Elle déplore une situation où chaque groupe semble enfermé dans ses certitudes et oppositions mutuelles.
Bilan des élections législatives
Selon Pannier-Runacher, les résultats des élections législatives montrent que le camp présidentiel a perdu, mais aucun parti n’a remporté la majorité absolue. Ce climat, marqué par la montée des extrêmes et les tensions géopolitiques, n’est pas unique à la France et ressemble à des situations observées dans d’autres pays européens. Pour elle, la clé réside dans la négociation de coalitions, comme le font les autres nations européennes face à des crises similaires.
La présidentielle de 2027 et les perspectives de coalition
Pannier-Runacher estime qu’un contrat de coalition n’est pas une alliance définitive pour 2027, mais une nécessité pour répondre aux préoccupations immédiates des citoyens. Elle souligne que certains enjeux, tels que les services publics, l’éducation et la santé, transcendent les clivages politiques traditionnels. Elle critique la classe politique pour son déni face aux préoccupations des citoyens et l’incapacité à trouver un terrain d’entente sur des questions fondamentales comme l’autorité, la sécurité et le dérèglement climatique.
Rencontre entre Emmanuel Macron et Lucie Castets
Pannier-Runacher considère qu’une rencontre entre Emmanuel Macron et Lucie Castets n’aurait de sens que si Castets propose un projet concret avec une équipe prête à négocier. Elle note que le vrai défi réside dans la capacité des groupes parlementaires à s’entendre, plutôt que dans un simple affrontement avec le président de la République.
Relations entre l’ex-majorité et le NFP
Elle affirme que le NFP ne peut agir comme s’il avait une majorité absolue et que l’enfermement dans des postures rigides par tous les groupes empêche toute avancée constructive. Les divergences entre les propositions du NFP et celles du bloc central, notamment sur la réforme des retraites, illustrent cette impasse.
Regard sur le « pacte législatif d’urgence » et la droite
Pannier-Runacher se montre ouverte à la négociation avec la droite, tout en critiquant certains éléments du « pacte législatif d’urgence » de la Droite républicaine, qu’elle juge non conformes à la Constitution. Elle regrette la tendance à la caricature politique, tant à droite qu’à gauche, et appelle à une approche plus pragmatique et moins figée.
La France est-elle à droite ?
Pannier-Runacher conteste l’idée que la France soit principalement orientée à droite. Elle évoque une « vérité parallèle » qui déforme le débat public. Selon elle, bien que les Français expriment une forte attente d’autorité, ils affichent également un désir de protection des services publics et de l’environnement, ce qui reflète des préoccupations plus à gauche.
Rumeur sur Xavier Bertrand comme Premier ministre
Elle reconnait la compétence de Xavier Bertrand, mais insiste sur le fait que toute nomination devra se baser sur des négociations concrètes sur le programme et les partenaires politiques. La majorité absolue ne sera pas atteinte simplement par une alliance avec la Droite républicaine ou d’autres groupes ; il est essentiel de travailler sur des éléments acceptables pour tous les partis impliqués.
Les Jeux Olympiques comme inspiration
Enfin, Pannier-Runacher voit les Jeux Olympiques de Paris comme un symbole de la capacité de la France à réaliser des projets ambitieux et réussis, malgré les critiques. Elle espère que cette réussite inspirera la classe politique à dépasser les postures caricaturales et à collaborer davantage pour le bien commun.